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L'annonce de ce nouveau massacre - par l'OSDH - survient alors que Russie et Chine viennent de réaffirmer leur ligne sur la Syrie...
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... qu'à Istambul les soi disant Amis de la Syrie - Clinton, Fabius, Erdogan, CNS - cherchent un nouveau souffle...
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... et qu'à New York Kofi Annan doit plancher sur la Syrie devant le Conseil de sécurité...
L'OSDH et le CNS ont donc annoncé un nouveau massacre d'une centaine de personnes dans la région de Hama, massacre qu'ils ont « tout naturellement » attribué au pouvoir, à ses soldats ou ses miliciens. Ce matin, la presse parle d'un bilan d' »au moins » 78 personnes tuées, dont une quarantaine de femmes et d'enfants, habitants du village de Mazraat al Kabir, à une vingtaine de kilomètres de Hama. Un grand nombre d'entre eux auraient été tués à l'arme blanche. L'OSDH affirme que le village avait été préalablement bombardé, avant que les chabihas bacharistes n'y entrent pour massacrer les habitants qu'ils y ont trouvés. Naturellement l'OSDH réclame à grands cris une enquête internationale sur ce nouveau crime contre l'humanité. Et naturellement les médias français reprennent sans réserves les affirmations de l'OSDH, quitte à préciser que cette accusation émane de l'opposition et que le gouvernement syrien dément toute responsabilité, rejetant celle-ci sur les terroristes. Une vidéo diffusée ce matin, notamment par I-Télé, nous montre des maisons dévastées et incendiées, mais pas de corps.

On nous referait le coup de Houla...

De son côté, le gouvernement syrien a accusé les insurgés d'avoir, à Mazraat, d'avoir massacré une famille entière, forte de neuf membres. Il précise que ce massacre a été perpétré dans la ferme d'al-Quber. Que les militaires, alertés par des voisins, sont arrivés sur les lieux, après le massacre donc, pour s'accrocher avec le gang responsable : un terroriste a été tué, ainsi qu'un membre des forces de l'ordre, dont quatre autres membres ont été blessés. S'appuyant sur le rapport d'un médecin légiste, les autorités indiquent que le massacre a eu lieu à 10 heures du matin mercredi.

Alors disons les choses suivantes :

-D'abord, tout, dans les circonstances et le déroulement supposé, rappelle le drame de Houla, deux semaines plus tôt, du moins dans la version de l'opposition (et donc de nos médias) : un bombardement de l'armée, suivi d'une entrée en action des chabihas, couteau à la main. Le moins qu'on puisse dire, si la thèse de l'OSDH et du CNS est exacte, c'est que le régime est vraiment non seulement cruel, mais pas malin : réitérer selon le même modus operandi la tuerie de Houla, alors que la Chine et la Russie lui ont réassuré son soutien après cette nouvelle mise en accusation générale, c'est plus qu'un crime, c'est une faute ! Or, nous ne croyons pas à une faute pareille.

-Rappelons au fait que la thèse du bombardement de Houla, d'abord avancée par un premier rapport de l'ONU comme cause principale des décès, a été très vite abandonné après qu'il a été finalement constaté que les habitants avaient été essentiellement victimes d'égorgement ou de tirs à bout portant. Très vite aussi il a été établi que les militaires syriens avaient été l'objet d'une attaque massive, plusieurs heures durant, de plusieurs centaines d'insurgés. Et ensuite le gouvernement a pu établir que figuraient parmi les victimes civiles des membres d'une famille d'un député bachariste de la nouvelle Assemblée. Par ailleurs des habitants de Houla-Taldo, interrogés par une télévision russe, ont accusé les terroristes du massacre. Et même un enfant, poussé par son entourage à charger le pouvoir a décrit les tueurs comme des barbus au crâne rasé, un look qui peut autant correspondre aux extrémistes sunnites qu'aux chabihas. Bref, la lumière n'est pas faite sur Houla, et la version de l'opposition semble plus que sujette à caution. Alors si l'OSDH a menti sur Houla, il est fort possible qu'elle récidive pour Mazraat al Kabir.

-Last but not least, les gangs de l'ASL, ou issus de groupes salafistes, ont déjà commis des massacres d'ampleur, sur des critères politiques et religieux, à Jisr al-Choughour, à Homs, à Hama, entre autres. Si le village de Maazrat abritait une population alaouite, chrétienne ou sunnite pro-régime, il est possible que ces fanatiques sous perfusion wahhabite aient eu la main lourde.

-Et puis, tout de même, la tuerie « tombe bien » pour l'opposition : en pleine réunion à Istambul des soi disant « Amis de la Syrie« , avec Clinton, Fabius et le gratin de l'interventionnisme frustré. À la veille aussi d'une réunion du Conseil de Sécurité où Kofi Annan doit présenter un projet de nouveau « groupe de contact » international sur la Syrie. Et alors qu'au sommet du groupe de coopération de Shangaï (OCS), la Russie et la Chine, et les États qui leur sont associés, viennent de proclamer une fois de plus leur opposition à toute ingérence, militaire ou politique, dans la crise syrienne, à des « sanctions unilatérales » et à une « passation de pouvoir forcée« . Oui, un timing vraiment impeccable. Et donc quand même suspect.

À cette heure on ne sait rien. Mais le scénario est un peu trop répétitif pour être crédible. Naturellement, si la responsabilité de ses partisans était incontestablement établie, le gouvernement devrait avoir le courage de la sanctionner comme il convient. Mais on en est (vraiment) pas là !