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Une voiture incendiée (dans quelles conditions ?) suffit à l’AFP pour planter le décor d’un Damas rêvé, c’est-à-dire en insurrection. Mais la machine à bourrer les crânes et à renverser les gouvernements a bien d’autres ressources…
Bien plus que les Kalashnikov et les RPG des groupe rebelles sévissant à Damas, la Syrie est confrontée à une arme lourde, pour le coup, la désinformation massive : ce matin Reuters a annoncé, s'appuyant tranquillement sur « des sources proches de l'opposition syrienne et un diplomate occidental », que Bachar al-Assad avait quitté Damas pour Lattaquié, d'où il coordonnerait désormais la lutte contre l'insurrection.

Tout ça nous paraissait très peu crédible, car quitter Damas où se livre une bataille contre le bandes aurait évidemment des répercussions évidentes et immédiates sur le moral des troupes et des habitants. Un peu plus tard, en milieu de matinée, Le Figaro démentait la nouvelle : « Selon des informations du Figaro, le président syrien Bachar al-Assad se trouve actuellement dans son bureau à Damas« . Tout ça n'empêchant pas naturellement les désinformateurs « étalon » d'I-Télé de faire un titre dans leur édition de 13 heures sur cette « délocalisation » de Bachar à Lattaquié !

Mais, c'était prévisible, le front atlantiste essaie d'exploiter au maximum le traumatisme de l'attentat anti-gouvernemental de mercredi. D'où les appels renouvelés - mais émanant toujours des mêmes gouvernements - au départ du président syrien, les déclarations de la diplomatie américaine sur le fait que le régime ne contrôlait plus l'essentiel du pays, les rumeurs sur les désertions « massives », soit tous les classiques du bobard de guerre rodés en Irak, en Yougoslavie et en Libye par les experts du Pentagone, de la CIA et leurs honorables correspondants médiatiques transatlantiques.

D'où les problèmes rencontrés ces derniers jours par le site de l'agence Sana. D'où les manoeuvres médiatiques - on ne nommera pas les chaînes satellitaires les plus connues à cet égard - visant la Livre syrienne, manoeuvres dénoncées ce 19 juillet par le gouverneur de la Banque centrale de Syrie, Adib Mayaleh.

D'où encore, par exemple, un faux enregistrement sonore de Bachar émanant soi disant de la chaîne syrienne Addounia et diffusé en ce moment sur internet.

D'où surtout la mise en scène de l'ASL à Damas, présentée à partir de communiqués de propagande et de bouts de vidéo comme étant en train de conquérir la capitale, avec les combats se rapprochant - tous les jours, ou toutes le heures, un peu plus - du palais présidentiel. Ce film-catastrophe a un air de déjà vu : du côté de Tripoli l'année dernière, où un flot d'images détournée et de fausse nouvelles avait conduit à la démoralisation et au retrait des partisans de Kadhafi, assurant la capitale libyenne aux rebelles - déjà - soutenus par l »OTAN.

L'État syrien a quand même les reins plus solides. L'armée syrienne aussi : ce matin, le télévision publique a montré des image des combats à Midane, quartier le plus touché par les troubles et investi par des soldats et, semble-t-il des miliciens . Le reporter syrien donnait le commentaire suivant : « Voici les premières images des forces de sécurité en train de poursuivre des terroristes qui ont pénétré dans Midane et ils n'ont que deux solutions devant eux : se rendre ou mourir« .

La lutte anti-ASL ne faiblit pas

Mercredi, selon Sana, outre Midane, des accrochages sont intervenus à Hajar al-Aswad, au sud de l'agglomération damascène, à Qaboun (nord) Tichrine (ouest) et à Sbeineh : à chaque fois ces accrochages se seraient soldés par des pertes sensibles pour les rebelles.

Sinon les télévisions occidentales ont montré ce jeudi des images de civils fuyant le quartier de Mazze - le XVIe local ? - théâtre depuis l'aube de combats entre militaires et rebelles.

Les incidents de Damas ne doivent pas faire oublier les autres théâtres d'opération. Pour la fin de la journée du 18 juillet, Sana signale :

-un combat dans les environs du village d'al-Rami dans le gouvernorat d'Idleb : une voiture de la rébellion détruite et plusieurs rebelles tués ;

-un autre accrochage à Wadi al-Dheif, à l'est de Ma'arat al Nu'man (trente kilomètres au sud d'Idleb) : dans ce combat de nombreux insurgés ont été tués ;

-la poursuite, à travers les forêts de Salkin (à une trentaine de kilomètres au nord-ouest d'Idleb, et à cinq de la frontière turque) de bandes fuyant vers le sanctuaire turc : nombre de leurs membres ont été mi hors de combat ;

-un accrochage à Mhanbal (Idleb), se concluant lui aussi par la mort et la capture de nombre d'activistes.

Dans son édition du 19 juillet, Sana rapporte :

-une tentative d'infiltration depuis le Liban d'éléments armés, via les villages d'Idlin, de Jisr Qamar et d'Armouta. tentative repoussée avec pertes

-des affrontements avec des bandes à Talkhalakh (5 kilomètres de la frontière du Nord Liban) et dans le secteur de la vile d'al-Qusayr, zone de concentration ASL adossée à la frontière libanaise : là encore l'agence syrienne fait état de « lourdes pertes » chez l'ASL.

-de la reddition, en divers endroits du territoire, de « dizaines de terroristes » aux forces de l'ordre.

Encore une fois, ces échos militaires de Sana nous paraissent crédibles, ne serait-ce que du fait de leur modestie, et des précisions géographiques données.

Les militaires, miliciens et policiers syriens continuent d'obéir, pour le plus grand nombre, au gouvernement, et non à l'AFP ou à Hillary Clinton...