Traduit par Résistance 71

Ladite "étude" anti-bio n'est pas de l'information, mais plutôt une campagne de propagande organisée.


Harry Wallop du London Telegraph termine son éditorial contre l'alimentation bio par la phrase suivante:
"Demain, bébé recevra une autre bonne cuillerée de carottes arrosées de pesticides."
Que H. Wallop ait l'esprit aussi embrouillé qu'il en a l'air ou pas, le but de son éditorial est d'encourager une attitude similaire chez les lecteurs du Telegraph, en essayant de manipuler la perception du public à la suite d'une "étude" récente conduite par l'Université de Stanford sur les aliments biologiques.
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Conflit d’intérêts? Étrange que l’Université de Stanford travaille en partenariat avec le géant agricole Cargill, et qu’elle vienne juste de publier une étude suggérant que les produits bios ne sont pas meilleurs que leurs concurrents issus de l’agriculture industrielle. Selon l’Université de Stanford, Cargill aurait fait don à cette dernière d’au moins 5 millions de dollars destinés à la création d’un Centre pour la Sécurité alimentaire et pour l’Environnement (N.d.T. “Center on Food Security and the Environment”ou “FSE” en anglais). Le site Web de Cargill contient une page qui décrit son partenariat avec Stanford, et qui peut être consultée ici.Dans son Rapport annuel de 2011, l’Université de Stanford cite comme donateurs Cargill et bien d’autres (page 38, .pdf).

Il reste à voir si les lecteurs du Telegraph accepteront de mettre leur propre santé et celle de leurs enfants en péril juste pour préserver les profits des agriculteurs industriels et le paradigme branlant selon lequel les produits issus de l'agriculture industrielle peuvent être consommés par les humains sans aucun risque, simplement parce que Harry Wallop pense qu'il est bon de nourrir son bébé avec des carottes arrosées de pesticides.

Le London Telegraph, lorsqu'il n'est pas occupé à fabriquer des nouvelles soutenant les dernières aventures impériales de l'Angleterre à l'étranger, se trouve au premier plan de nombreuses grandes campagnes de lobbying financées par des corporations. Récemment, quelqu'un a dépensé de l'argent, beaucoup d'argent, dans la création d'un lobby anti-bio basé sur une étude douteuse réalisée par Stanford.

Une "étude" biaisée

Quand des cycles d'information entiers sont dominés par de gros titres fondés sur une étude universitaire unique, avec des éditoriaux tentant de nous enfoncer dans le crâne des arguments propres à l'agriculture industrielle, un lobby est clairement à l'oeuvre.

Deux cycles dInformation ont déjà été consacrés au dénigrement de la nourriture bio. Les produits biologiques sont exempts de pesticides et de manipulations génétiques, lesquels ont tous deux été prouvés comme étant la cause de troubles de l'apprentissage, d'une diminution du Q.I., de stérilité, et d'une foule d'autres problèmes de santé comprenant un grand nombre de cancers.

Cette très récente campagne anti-bio a commencé par une étude de Stanford(et ici) issue de son Center for Health Policy (une filiale du Freeman Spogli Institute for International Studies de Stanford), qui avait pour objectif d'examiner et de comparer les valeurs nutritionnelles des produits bios et non-bios. Cette étude montrait que des aliments couverts de pesticides avaient presque la même valeur nutritionnelle que ceux issus de l'agriculture biologique - éludant complètement tout l'intérêt de manger bio.

En effet, les valeurs nutritionnelles peuvent être identiques - cependant, on ne mange pas des produits bio pour leur valeur nutritionnelle largement supérieure, mais parce que leur consommation permet d'éviter la consommation des "plus" liés aux aliments issus des entreprises de l'agro-industriel.

L'étude de Stanford ignore volontairement les préoccupations liées à la présence de pesticides en déclarant que leur quantité se trouvait dans les normes autorisées par l'État. Aucun débat ne fut mené quant à savoir si les marges autorisées étaient synonymes de sécurité. On ne mentionna pas non plus les effets néfastes des organismes génétiquement modifiés (OGM) ni ceux d'autres additifs alimentaires controversés que contiennent les aliments non-bio.

Alors pourquoi cet argument de paille ?

Une "étude" sponsorisée par des corporations

Le Stanford Center for Health Policy affirme ce qui suit sur son propre site Web:
"Le Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI) dépend du soutien de ses amis, aussi bien que de celui de fondations et de corporations tant nationales qu'internationales, pour le financement ses activités de recherche, d'enseignement et de vulgarisation."
Le Center for Health Policy est une filiale du Freeman Spogli Institute for International Studies (FSI). Alors qui sont ces "amis", ces fondations et corporations nationales et internationales qui financent les recherches du FSI et de sa filiale, le Stanford Center for Health Policy?
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Image: Sur le site officieldu Stanford Center for Health Policy, ce dernier reconnaît que “des fondations et des corporations, tant nationales qu’internationales” financent ses recherches et ses “activités de vulgarisation.”Voici qui confirme les soupçons d’un public de mieux en mieux informé, qui a perçu l’ “étude” comme étant biaisée, contraire aussi bien à la logique qu’à l’éthique, et le résultat d’un financement industriel insidieux.
D'après le Rapport annuel 2011 du FSI (page 38, .pdf), le géant agricole Cargill, British Petroleum (BP), la Fondation Bill &Malinda Gates (ayant fait des investissements massifs à la fois dans Cargill et le géant de l'agriculture industrielle Monsanto), la Fondation Ford, Google, Goldman Sachs, la Fondation Smith Richardson, et bien d'autres entreprises reprises par la liste Fortune 500 aux intérêts spécifiquement industriels. (N.d.T. La liste Fortune 500 est un classement des 500 plus grandes entreprises des États-Unis d'Amérique, effectué annuellement en fonction du chiffre d'affaire et des résultats nets de chacune d'entre elles.)

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Image: Dans le Rapport annuel 2011 du FSI de Stanford (page 38, .pdf), dont le Center for Health Policy est une filiale, on apprend que ce dernier est financé par Cargill, la Fondation Bill &Malinda Gates (qui a massivement investi à la fois dans Cargill et le géant de l’agriculture industrielle Monstanto),et un tas d’autres entreprises figurant dans la liste Fortune 50 aux intérêts spécifiquement industriels. En apparence, le rapport a l’air de faire une propagande inoffensive, mais son financement révèle des efforts plus calculés, plus sournois faits pour manipuler la perception du public – des efforts s’étendant même au domaine universitaire, aux médias de masse, au gouvernement, et au gros commerce industriel. (Pour agrandir l’image, cliquezdessus.)
Le fait que rien de tout cela ne soit mentionné, ainsi que le manque d'indépendance et de transparence associé à l'étude, nuisent totalement à la crédibilité de Stanford et de la machine médiatique occidentale, qui a gavé le public de ses résultats avec tant d'empressement. Si l'on ajoute à cela le fait que l'étude elle-même est biaisée, et qu'elle est présentée au public de manière concertée et malhonnête, il devient évident qu'une campagne de relations publiques préméditée, commandée et payée par les sponsors du FSI de Stanford - en particulier par Cargill et la Fondation Bill &Malinda Gates Foundation, est en train d'être menée.

Que faut-il faire?

De toute évidence, il faut continuer à manger bio. De plus, la fourberie dont font preuve le monde universitaire, les médias de masse, et les grands intérêts industriels qui les dirigent toutes les deux ouvertement, exige de nous un redoublement d'efforts quant à la mise en place de boycotts étendus visant tous les grands agriculteurs industriels, ainsi que d'autres corporations monopolistes reprises dans le classement Fortune 500 - ce qui inclut d'autres fabricants de produits tout préparés comme Pepsi et Coca-Cola, Kraft, et leurs innombrables filières.

Nous devrions aussi faire davantage d'efforts pour soutenir les fermiers locaux, assister et contribuer à leurs marchés de producteurs (NdT: soutien des AMAP en France par exemple), et nous renseigner sur l'éventualité de cultiver, ne serait-ce qu'un petit pourcentage, de nos herbes, fruits et légumes.

Liberté et autodétermination requièrent d'avoir au préalable une certaine indépendance économique, d'être autonome et autosuffisant. La façon la plus simple de devenir économiquement indépendant est de disposer de ressources alimentaires sûres, saines et locales, mises en place par les gens et pour les gens, et appartenant à ces derniers. Consolider ce modèle émergent, en dépit d'éditoriaux lourds d'ignorance, puérils et même criminellement irresponsables comme celui de Harry Wallop dans le Telegraph, et d' "études" de plusieurs millions de dollars subventionnées par Cargill et par la Fondation Bill &Malinda Gates, est le premier pas vers l'expansion de ce changement de paradigme à d'autres domaines nécessaires au maintien et au progrès de la civilisation moderne.