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A Rome, des groupes d'inconnus ont fracassé les vitres de banques et mis le feu à deux voitures peu après le début de la manifestation des "indignés" samedi après-midi en plein centre-ville, ont constaté les journalistes de l'AFP.Les incidents se sont produits tout près du Colisée. | Alberto Pizzoli
A Rome, 200 000 personnes étaient attendues samedi pour une grande manifestation contre la précarité et le pouvoir de la finance. Les forces de l'ordre craignaient des échauffourées avec les franges plus extrémistes du cortège, avaient affirmé vendredi les médias italiens sans donner de sources pour ces chiffres. Des craintes justifiées.

Samedi, en plein centre de Rome, des groupes d'inconnus ont fracassé les vitres de banques, et mis le feu à deux voitures. Des incidents qui ont éclaté peu après le début de la manifestation, tout près du Colisée. A 16h30 environ, la police décidait de charger les manifestants.

La totalité des syndicats, des associations étudiantes et lycéennes, et les «Indignés» ont appelé à défiler dans les rues. La manifestation a débuté vers 14H00 sur la place de la République, près de la gare centrale et à deux pas de la Banque d'Italie, devant laquelle des centaines d'«Indignés» ont déjà manifesté mercredi à l'occasion d'un discours du gouverneur de la banque et futur président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi. Le cortège doit traverser la ville pour rejoindre aux environs de 17 heures la place Saint-Jean-du-Latran, lieu traditionnel des grandes manifestations comme le 1er mai. 70 bus ont été mobilisés au départ des provinces italiennes pour convoyer les manifestants.

Le gouverneur de la Banque d'Italie, «comprend» les Indignés

Mario Draghi a donné raison aux jeunes «Indignés». «Les jeunes ont raison d'être indignés», a-t-il déclaré à des journalistes italiens samedi en marge de la réunion du G20 à Paris. «Ils sont en colère contre le monde de la finance. Je les comprends», a déclaré cet économiste de 64 ans, ajoutant : «Nous les adultes, nous sommes en colère à cause de cette crise. Alors pensez aux jeunes de 20 ou 30 ans...»

En Italie, les «Indignés» veulent faire tomber le gouvernement, d'autres refusent de payer «une dette qu'ils n'ont pas contractée». D'autres encore estiment, comme ailleurs dans le monde, que «les jeunes sont les oubliés de l'Italie, et que le gouvernement est en train de monter les générations les unes contre les autres».

Julien Assange dans la manifestation à la City de Londres

800 Indignés se sont rassemblés samedi à la City de Londres, le cœur financier de la capitale anglaise. Les manifestants ont reçu le renfort inopiné du fondateur de Wikileaks, Julian Assange. L'arrivée d'Assange, qui est en liberté conditionnelle dans un manoir près de Londres en attendant une éventuelle extradition vers la Suède où il est poursuivi pour viol, a suscité des cris de joie. «Nous soutenons ce qui se passe ici parce que le système bancaire à Londres est le bénéficiaire d'argent issu de la corruption», a expiqué M. Assange sur les marches de la cathédrale Saint-Paul, où étaient massés les manifestants. Entouré de gardes du corps, il est resté comme les «Indignés» à bonne distance de la bourse de Londres. Des heurts mineurs avec la police se sont produits à la mi-journée alors que certains manifestants ont tenté de se diriger vers le London Stock Exchange (bourse de Londres).

Crise oblige, le mouvement des «Indignés» rebondit dans toutes les capitales européennes. Et même ailleurs. En Israël, aux Etats-Unis où des milliers de personnes ont, comme à Madrid fer de lance de ce mouvement, installé des tentes sur la place publique pour faire entendre leurs revendications. De Bruxelles à Mexico, de Paris à Rome ou Athènes, Madrid... la planète vibre au rythme des «Indignés». Dans plusieurs villes, des milliers de personnes vont exprimer, ce samedi, leur mécontentement. Un rassemblement est prévu à Times Square à l'appel du mouvement «Occupons Wall Street». D'autres sont prévus devant la Bourse de Johannesburg, Santiago. Les revendications sont partout les mêmes: pour une «démocratie réelle», pour une société «éthique».