Traduit par Hélios
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Les JO de Londres prennent rapidement l'apparence et le ton d'une opération militaire terrestre, maritime et aérienne à grande échelle plus qu'un événement sportif international.

Avec des missiles sol-air stationnés au sommet d' immeubles, des navires de la Royal Navy en alerte et des avions de combat et des hélicoptères de la Royal Air Force patrouillant les cieux de la capitale britannique, se dégage l'idée d'une nation en guerre plutôt qu'une occasion de fraternité internationale que les premiers Jeux étaient supposés incarner.

Les Jeux commencent dans tout juste deux semaines. Les tout derniers développements annoncés par le ministère de la Défense britannique sont un déploiement de 3500 hommes de troupes supplémentaires destinées à assurer la sécurité des 30 lieux accueillant les événements sportifs. C'est en supplément des 13.500 militaires assignés à la protection du public et aux équipes sportives, dans l'éventualité d'une attaque terroriste.

Le général britannique Sir Nick Parker, qui supervise l'organisation de la sécurité, a dit que l'un des contingents prévus peut faire face à un événement de ''type 11 septembre''.

Le déploiement de troupes dans et autour de Londres représente 7000 membres du personnel militaire en plus de ceux actuellement en opération pour la Grande-Bretagne en Afghanistan.

Ce nombre vient en plus des 10.000 officiers supplémentaires de police et de la division des gardes privés de sécurité. Il y a eu la révélation que le G45, la société privée de sécurité en contrat avec les JO, ne pourrait remplir ses conditions d'effectifs pour couvrir les Jeux ce qui a incité à un tout dernier enrôlement de soldats supplémentaires.

La militarisation des JO a été communiquée par inadvertance par un porte-paroles du ministère de la défense avec ces paroles :''La plupart des personnes que le public croisera au point d'entrée de n'importe quelle manifestation olympique sera désormais un membre actif des forces armées.''

Boris Johnson, le maire franc-tireur de Londres, a fait la déclaration suivante : ''Un maire prend le problème de la sécurité des JO extrêmement au sérieux, et avoir les meilleurs et les plus courageux hommes et femmes au monde à notre disposition pendant les Jeux devrait être une source de grand réconfort.''
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HMS Ocean
Le plus grand cuirassé de la Royale Navy, le HMS (Her Majesty Service) Océan sera mouillé sur la Tamise à Greenwich, fournissant un centre de commande logistique durant la manifestation. Il donnera aussi une base pour des hélicoptères Lynx occupés par des tireurs embusqués pour des missions nuit et jour au-dessus de la capitale.

Des marins de la Royale sur des navires de patrouille et des canots pneumatiques sont également assignés au fleuve emblématique qui serpente à travers les repères historiques londoniens.

La RAF (Royal Air Force) fera également des patrouilles dans le ciel de la capitale avec des hélicoptères Puma et des avions de chasse Typhoon depuis les bases de Northolt à l'ouest de Londres et de Ilford à l'est.

Mais le déploiement le plus controversé a été l'installation de batteries de missile sol-air dans des immeubles d'habitation du East End pauvre et délabré de Londres. Leurs habitants ont récemment perdu une bataille juridique destinée à empêcher l'installation de ces batteries de missiles sol-air.
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Hélicoptères Puma
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Avion de chasse Typhoon
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Batterie de missiles sol-air
Les principales communautés locale de la classe travailleuse ont objecté à la militarisation de leurs quartiers. Ils ont aussi remis en question la sécurité des habitants dans l'éventualité d'armes servant à descendre un avion soupçonné de générer une attaque terroriste. Un homme du coin a dit :''Que va-t-il arriver si nos maisons sont arrosées de débris ?''

L'invasion militaire des quartiers pauvres pour une durée de 4 semaines a servi à développer un sentiment de malaise envers le spectacle colossal. Des zones de l'est londonien comme Tower Hamlets et Waltham Forest se trouvent dans l'ombre de certains des lieux construits pour l'occasion. L'élaboration des JO, opérations massives de sécurité incluses, est estimée parvenir à une somme totale entre 20 et 40 milliards de dollars, payée pour la plus grande part par les contribuables. Cela dans une période d'austérité décidée par le gouvernement britannique se montant à 140 milliards d'économies pour les dépenses publiques.

Des communautés socialement démunies de l'East End de Londres ont subi tout le poids des diminutions du gouvernement demandées pour équilibrer les livres du Trésor en plein désarroi à cause des extravagants milliards de dollars pour le renflouement de banques privées corrompues.

Le chômage et le dénuement vivement ressentis dans des quartiers comme l'East End de Londres, fait que peu d'habitants auront les moyens de se payer une entrée aux JO, avec des billets allant chercher jusqu'à 3000 dollars.

En raison de la juxtaposition de cet événement fastueux et le parrainage tape-à-l'oeil des entreprises avec la terrible pauvreté tentaculaire de nombreux londoniens - sur une toile de fond d'opérations militaires et de surveillance à grande échelle, peut faire penser à l'ambiance inquiétante du roman dystopien de George Orwell, 1984.

L'histoire devenue classique d'Orwell d'un état policier autoritaire vient de s'installer en grande partie à Londres, devenue la capitale d'une province du super-état américain, Océania. La majorité d'une population indigente, les ''prolos'', devaient se contenter de pubs minables et du vague espoir de gagner à la loterie, alors qu'un ''cercle restreint'' régnait en maître sur les masses. Les prolos étaient gardés à leur place de servitude par les pouvoirs d'urgence et un état permanent de guerre. Il existe aussi plus qu'un soupçon dans le 1984 d'Orwell que l'état supposé de guerre et les attaques surprise d'ennemis anonymes étaient un stratagème de l'élite pour instiller la peur aux masses.

Avec une participation dirigeante du gouvernement britannique dans la ''guerre mondiale contre le terrorisme'' de l'Amérique (appelée communément GWOT) [= Global War On Terror en anglais, NdT] et la preuve que les services secrets britanniques ont été de connivence dans les soi-disant bombardements de Londres de 2005, le 1984 d'Orwell semble de plus en plus comme la vie imitant l'art.

Le roman a été publié en 1949, un an après que les JO aient eu lieu à Londres. Ces Jeux se sont passés dans l'après seconde guerre mondiale quand la plupart des horizons londoniens montraient encore la dévastation de la Blitzkrieg (guerre éclair) de la Luftwaffe allemande.

En 2012, Londres va aussi ressembler à une zone en guerre, en raison de la ''guerre contre le terrorisme'' simulée, amorcée par le gouvernement britannique et ses alliés américains à la recherche d'une domination intérieure et étrangère.

Finian Cunningham est correspondent de Global Research pour le Moyen-Orient et l'Afrique de l'est.