Jean Ziegler, 78 ans, vice -président du Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme à l'ONU, est une voix qui dérange l'opinion dominante sur les causes et les remèdes de la famine. Son dernier livre «Destruction massive, Géopolitique de la faim» est un vif plaidoyer allant dans ce sens. Interview.

Les organismes comme le PAM présentent des frais de structure élevés et un système de gestion souvent opaque. L'heure n'est-il pas venu de réformer le PAM ?

Certainement. Alors que les États occidentaux se sont mobilisés pour sauver les banques à grands renforts de milliards, le Programme alimentaire mondial (PAM), a perdu la moitié de son financement en 2008. Son budget annuel ordinaire est tombé de 6 milliards de dollars à 3,2 milliards. Les spéculateurs boursiers tuent donc 2 fois : en forçant les contribuables à les renflouer et les sauver d'une crise due à leur avidité

Pathologique du profit ; ensuite en provoquant -par leurs spéculations sur les bourses des matières premières- des hausses meurtrières des prix des aliments de base. Il faudrait traduire devant un Tribunal de Nuremberg les spéculateurs pour crimes contre l'humanité.

Genève est devenu le centre mondial des transactions de matières premières. Pourquoi une telle attractivité selon-vous ?

Genève est, aujourd'hui, la cave d'Ali Baba, la capitale mondiale des spéculateurs sur les matières premières, notamment agricoles. Dès 2009, Gordon Brown a taxé de 50 % tout gain spéculatif supérieur à 200 000 livres sterling. Les hedge funds ont alors quitté Londres pour Genève. Le gouvernement les a accueillis les bras ouverts.

(Lire l'intégralité de l'Interview dans Les Afriques numéro 213 en kiosque en ce moment)

Propos recueillis par Adama Wade