© J+B Séquences
L'éthique vaut plus cher que sa carrière, assure le généticien Christian Vélot, qui continue, malgré les pressions, à alerter sur les risques potentiels liés aux OGM. Il revient sur l'onde de choc provoquée par l'étude controversée de Gilles-Eric Séralini, un an après sa publication. S'il attend peu de choses de la récente loi de protection des lanceurs d'alerte, Christian Vélot propose plusieurs pistes pour éviter les conflits d'intérêts, et construire des passerelles entre la recherche institutionnelle et la société civile.Basta ! :
Un an après la sortie de l'étude de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité du maïs OGM NK603 et du pesticide RoundUp, les conditions de recherche sur les OGM ont-elles évolué ?Christian Vélot [1] : Oui, des choses ont bougé, mais pas de façon systématique sur l'évaluation de tous les OGM. Un an après cette étude, la France et l'Union européenne ont lancé des appels d'offres pour des études sur les effets sanitaires de vie entière (deux ans pour des rats) du NK603, le maïs génétiquement modifié qui a fait l'objet de l'étude Séralini [2]. Comme ce type d'appels d'offre n'existait pas avant l'étude de Gilles-Eric Séralini, il lui a fallu prendre son bâton de pèlerin pour demander un soutien financier auprès de fondations, de parlementaires... Cela a nécessité un travail colossal. En ce sens, il y a un avant et un après «
l'étude Séralini ».
Mais ces appels d'offre, qui sont restreints au maïs NK603, ne correspondent pas, contrairement à ce qu'on essaie de faire croire, à une répétition de l'étude Séralini (afin de confirmer ou infirmer ses résultats). Il ne s'agit pas d'études de toxicologie à long terme, mais d'études de cancérogenèse. Comme son nom l'indique, une étude de cancérogénèse se limite à observer l'apparition de cancers, alors qu'une étude de toxicologie permet de révéler de nombreuses autres pathologies chroniques (toxicité hépato rénale, perturbations hormonales, diabète, obésité, troubles cardiaques, etc...). C'est une manière de restreindre les observations pour s'assurer que l'on ne verra pas trop de choses !