La Saint-Jean de 1968 fut sans doute l'une des plus marquantes de l'histoire du Québec, qualifiée par plusieurs de « lundi de la matraque », en référence aux violentes émeutes -
de même qu'à la non moins violente répression policière - y ayant pris place. Comme chacun le sait, l'atmosphère de 1968 est survoltée, marquée par de nombreuses grèves et émeutes un peu partout en Occident. Au Québec, le contexte de la fête nationale est polarisé par la présence de
Pierre-Elliott Trudeau sur l'estrade d'honneur située sur la rue Sherbrooke devant le parc Lafontaine, lui qui a été invité en sa qualité de Premier ministre, au grand damne des regroupements indépendantistes, le RIN de Pierre Bourgault au premier chef. Mentionnons au passage qu'il n'est pas peu symptomatique que l'emblème du RIN, un bélier stylisé, symbole de force et de détermination, ait justement été adopté comme une subversion du mouton national, jugé faiblard et infantilisant.
De son côté, Trudeau, qui cherche alors à se faire élire Premier ministre
pour la première fois lors des élections fédérales ayant lieu le lendemain, suscite alors de vives critiques dans les rangs nationalistes, ses positions en regard de la nation canadienne-française développées dans un essai paru l'année précédente suscitant de virulentes critiques (Cf. Trudeau, 1967). Le ton est alors à la confrontation ouverte, Pierre Bourgault le prévenant même que sa présence provoquerait une émeute, ce qui ne refroidit en rien
le père de la loi sur les mesures de guerre.
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