Fabius
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A l'issue d'une réunion du Conseil de Sécurité des Nations unies sur le terrorisme, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a posé trois conditions concernant les frappes menées par la Russie en Syrie depuis mercredi.

"Monsieur Sergueï Lavrov, le ministre russe, a présenté les paramètres d'une résolution du Conseil qui créerait une espèce de grande coalition contre Daech. Je vais vous expliquer quelle est la position de la France. Tous ceux qui veulent nous rejoindre dans cette action contre le groupe terroriste Daech sont les bienvenus — je suis clair — mais à trois conditions qui sont les conditions de l'efficacité", a indiqué le ministre.


Commentaire : Ah bon ? C'est un discours un peu différent du fréquent "Assad doit partir", ou "La France est d'accord pour financer les rebelles 'modérés'"... Sont-ils coincés par cette nouvelle action russe, et essaient-ils peut-être de sauver leur image ? En d'autres mots, maintenant qu'ils n'ont plus le choix, ils doivent accepter que la Russie AIDE la Syrie, mais "avec des conditions" (pour ne pas avoir l'air totalement ridicule). Il faut préserver l'image, ou les gens pourraient découvrir croire que la France est une marionnette de Washington !


"La première condition c'est que les frappes doivent être dirigées contre Daech et contre les groupes terroristes seulement, à l'exclusion des civils et des opposants modérés, qui eux défendent courageusement une vision de la Syrie qui est la nôtre. C'est-à-dire une Syrie démocratique, unie, qui respecte toutes les communautés. Il faudra vérifier si les frappes russes intervenues aujourd'hui respectent ou non cette première condition", a-t-il poursuivi.


Commentaire : Traduction : "Nous vous demandons de faire ce que nous n'avons jamais fait (les morts des civils sont un crime pour la Russie, mais un simple "dommage collatéral" pour les pouvoirs occidentaux), et ne touchez pas à NOS terroristes qui défendent courageusement NOS intérêts en Syrie." Maintenant c'est plus clair, monsieur Fabius.


"Deuxièmement, il faut mettre fin aux bombardements des populations civiles, qui sont absolument terribles, avec des barils d'explosifs qui sont lâchés depuis des hélicoptères et de la chlorine. Ce sont ces violences commanditées par Bachar al-Assad qui alimentent pour l'essentiel l'extrémisme et les flots de réfugiés", a indiqué M. Fabius.


Commentaire : Traduction: Voir ci-dessus, et "C'est toujours la faute d'Assad (parce que nous le disons, pas besoin de preuves), même si nous avons créé le chaos, et que, auparavant, nous n'avons jamais ressenti la moindre pitié pour les victimes civiles. Peu importe que nous ayons armé des terroristes, ce n'est qu'un détail."


"Enfin la troisième condition, si on veut être efficace, c'est qu'il faut traiter la crise à la racine: il faut une transition de nature politique, qui dise clairement au peuple syrien que son bourreau — c'est-à-dire Monsieur Bachar al Assad — n'est pas son avenir", a indiqué le ministre, qui continue de prôner le départ d'Assad, alors que les Etats-Unis ont cessé de l'exiger au profit d'une "transition contrôlée".


Commentaire : Traduction: "Surtout, ne traitez PAS la crise à la racine, ce qui équivaudrait à freiner l'invasion occidentale en Syrie, et à dissoudre tous les groupes de mercenaires fous que nous avons soigneusement entraînés et financés. Prétendons toujours que le problème est Assad, car sinon nous aurons l'air bien ridicule !" Plus clair, maintenant ?


L'Armée de l'air russe a entamé mercredi une opération militaire contre l'EI en Syrie sur décision du président russe Vladimir Poutine et à la demande du président syrien Bachar el-Assad. Les frappes aériennes russes ciblent les sites militaires, les centres de communication, les transports, ainsi que les stocks d'armes, de munitions et de combustible appartenant à l'EI.

La question du maintien du président syrien au pouvoir est une pomme de discorde entre l'Occident et la Russie. Les Etats-Unis et leurs alliés ont longtemps insisté sur le départ d'Assad comme préalable à un processus de paix. De son côté, la Russie rappelle que l'armée syrienne est une des seules forces à combattre au sol les djihadistes, et indique qu'en cas d'effondrement de la structure étatique du pays, l'avancée de l'Etat islamique deviendra incontrôlable.


Commentaire : De plus, la présidence de Bashar al-Assad et le renouvellement ou non de son mandat sont uniquement du ressort du peuple syrien. Ce n'est pas à Fabius, ou un autre non-Syrien, de s'en mêler. Une telle question ne peut se régler dans la paix que si les Occidentaux (et leurs alliés criminels) qui sèment la mort et la destruction, directement ou indirectement, arrêtent d'agresser ce pays. Le bon sens n'est pas le fort des "élites", apparemment.