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« Allez, de 10 je vous le passe à 5, qui dit mieux ? - Moi, je casse tout, je vous le laisse à 3 ! Seulement 3 pauvres PV, pour 6 mois de prison et 7 500 euros d'amende ! » C'est ce qu'on pourrait résumer de la discussion actuelle entre le Sénat et l'Assemblée nationale, à l'occasion du vote d'une loi fourre-tout sur le terrorisme dans les transports... et la fraude. Roger Karoutchi, sénateur LR, a obtenu jeudi 28 janvier que le texte soit durci à l'extrême. Quel que soit le résultat de ce marchandage, ce sont plusieurs milliers de personnes qui sont menacées d'un séjour à l'ombre.
Les multinationales des transports en commun (Veolia, la SNCF-Keolys qui gère les TCL à Lyon et la RATP) bataillent ces dernières années pour une « tolérance zéro contre la fraude ». Elles avaient déjà obtenu gain de cause il y a une dizaine d'années. C'est sous Lionel Jospin (la gauche déjà) qu'a été votée en 2001 la loi instaurant
le délit dit de « fraude par habitude » qui prévoit 6 mois de prison et une énorme amende pour les resquilleurs collectionnant 10 PV non-payés et plus sur l'année. Une mesure loin d'être symbolique. En 2010, le ministère de la Justice
donnait déjà des chiffres impressionnants : 600 condamnations en 2008, dont près de 400 à de la prison ferme pour ce seul délit. Premières victimes, les SDF, comme cette personne de 25 ans, déclarée infirme à 80%, qui avait écopé de
2 mois ferme à Lyon pour s'être rendu à son foyer sans ticket. « C'est ni plus ni moins que l'application d'une loi », avait déclaré, modeste et satisfait, l'avocat du transporteur.
Commentaire: Pour avoir simplement révélé un secret de polichinelle, la journaliste s'est fait expulser manu militari. Comme le disait Orwell, « à une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ».