Nombreux sont les gens, issus ou non du monde médiatique, à faire la confusion entre l'Europe et l'Occident. Le Japon ferait ainsi partie de l'Occident, alors qu'il ne se trouve pas exactement en Europe...Raymond Abellio avait observé que «
l'Europe est fixe dans l'espace, c'est-à-dire dans la géographie », tandis que l'Occident est «
mobile ». De fait, l'«
Occident » n'a cessé de voyager et de changer de sens. Au départ, le terme évoquait seulement la terre du Couchant (
Abendland), par opposition au pays du Soleil-Levant (
Morgenland). À partir du règne de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle de notre ère, l'opposition entre Orient et Occident se ramène à la distinction entre l'Empire romain d'Occident (dont la capitale fut Milan, puis Ravenne) et l'Empire romain d'Orient installé à Constantinople. Occident et Europe se sont ensuite confondus durablement. Cependant, à partir du XVIIIe siècle, l'adjectif «
occidental » se retrouve sur les cartes maritimes en référence au Nouveau Monde, appelé aussi «
système américain », par opposition au «
système européen » ou à «
l'hémisphère oriental » (qui comprend alors aussi bien l'Europe que l'Afrique et l'Asie). Dans l'entre-deux-guerres, l'Occident, toujours assimilé à l'Europe, par exemple chez Spengler, s'oppose globalement à un Orient qui devient à la fois un objet de fascination (René Guénon) et un repoussoir (Henri Massis). Durant la guerre froide, l'Occident regroupe l'Europe occidentale et ses alliés anglo-saxons (Angleterre et États-Unis) pour s'opposer cette fois au «
bloc de l'Est » dominé par la Russie soviétique. Cette acception, qui permet aux USA de légitimer leur hégémonie, survivra à la chute du système soviétique, comme on peut le voir chez Samuel Huntington.