Une récente étude réalisée conjointement par une dizaine d'universités américaines et publiée dans le dernier numéro des Annals of Internal Medicine (doi:10.7326/M14-1281) indique clairement que l'estimation des risques de maladies cardiovasculaires était erronée et ceci depuis de nombreuses années. Cette étude a concerné 4227 personnes non diabétiques et ne présentant aucun signe clinique de maladies cardiovasculaires au début de l'étude, âgées de 50 à 74 ans, hommes et femmes, suivies depuis l'année 2002. Passons sur les détails des analyses statistiques utilisant 4 méthodes d'approche différentes mais celles-ci ont permis d'évaluer le bien-fondé des recommandations concernant la prévention des risques cardiovasculaires.
Il est apparu que, systématiquement, le facteur risque était surestimé. Pour que les choses soient plus parlantes, cette estimation a été traduite en pourcentages, 100 % étant une évaluation fidèle ou très proche de la réalité compte tenu des paramètres biochimiques et sanguins des patients. Chez les hommes la surévaluation était systématique et variait entre 137 et 254 %. En d'autres termes et au minimum près de 40 % des hommes s'étaient vu prescrire au moins un médicament inutilement et parmi les 60 % restants c'était systématiquement des prescriptions pléthoriques et inutiles conduisant à l'apparition de symptômes secondaires induits par ces outrances médicamenteuses.
Cette étude remet en cause un certain nombre de pratiques médicales comme par exemple la prescription d'aspirine qui est certes un médicament anodin mais pas tant que ça. L'aspirine inhibe la formation de caillots sanguins mais présente aussi un facteur de risque hémorragique et la surestimation des risques cardiovasculaires a conduit à des hospitalisations en urgence avec des conséquences sur la santé des patients et des ramifications financières qui auraient pu être largement évitées.
Commentaire : Concernant l'aspirine :
- En prévention, l'aspirine à petites doses procure plus de mal que de bien
Pour la prescription des statines, ces médicaments réduisant le taux de cholestérol sanguin et de plus en plus prescrits sans raison évidente, la situation est encore plus préoccupante. La surestimation du risque de maladies cardiovasculaires semble conduire les médecins à justement ne pas prendre de risques eux-mêmes et à prescrire 2,5 fois trop souvent ces statines. Énoncé autrement sur 5 patients trois d'entre eux se voient prescrire ce genre de médicament sans raison justifiée, ça fait beaucoup ... Une méta-étude a montré que les statines réduisaient effectivement les risques d'accidents cardiovasculaires mais la même étude n'a pas pris en compte l'incidence des effets secondaires de ces médicaments sur la santé, sinon le bien-être, des patients.
Commentaire : A propos des statines et du cholestérol :
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En définitive les médecins appliquent des règles d'évaluation des pathologies de leurs patients qui ne sont pas toujours adaptées et les patients encouragent leur médecin traitant à leur prescrire des médicaments sans justification, parce qu'ils se sentent rassurés. On se trouve donc dans une situation inédite où en quelque sorte la médecine est mise en équations et le médecin ne joue plus que le rôle de prescripteur au détriment des conseils d'hygiène de vie personnelle qu'il pourrait prodiguer à ses « clients » devenus des consommateurs avant d'être de vrais malades. Cette dérive coûteuse et dangereuse de la pratique médicale est à déplorer mais ce sont aussi les organismes officiels et les laboratoires pharmaceutiques qui sont responsables de cet état de fait avec souvent une complicité inavouée (on appelle ça le lobbying) bafouant les règles fondamentales de l'éthique.
Commentaire : Quand aux labos :
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