Il y a quelque chose de pourri au royaume de la science. Coup sur coup, trois noms de l'édition scientifique ont été contraints de retirer plusieurs études qu'ils avaient publiées. Dans les trois cas, la fraude était intervenue au cours du processus de relecture et de validation des articles par les pairs (le
peer review, selon la terminologie anglaise), c'est-à-dire au cœur-même de la machinerie scientifique. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cette procédure, voici la marche à suivre quand des chercheurs veulent publier le résultat de leurs travaux. Ils rédigent tout d'abord leur étude puis l'envoient à une revue. L'éditeur de celle-ci adresse ensuite le texte à un ou plusieurs spécialistes, les relecteurs, qui, par leur expertise, sont à mêmes de saisir la portée de l'article et censés en effectuer une analyse critique. Souvent anonymes, ils peuvent décider de rejeter ce dernier s'ils ne le jugent pas assez intéressant ou pas au niveau de la revue ; ils peuvent aussi, avant de se prononcer, demander un certain nombre d'éclaircissements voire de nouvelles expériences ; ils peuvent enfin accepter l'étude, en général au prix de corrections et de précisions. Si les experts donnent le feu vert, le texte est publié.
© Research to ActionLe processus de validation par les pairs est au cœur de la machinerie scientifique.
Entre l'envoi initial et la parution de l'article, le processus peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et cette validation par les pairs est censée garantir la qualité et le sérieux de la revue. Mais quand le
peer review est piraté, comme cela vient de se produire à plusieurs reprises, c'est tout l'édifice scientifique qui est ébranlé. Les trois affaires ont été révélées au grand jour par l'excellent site "Retraction Watch". La première date du 16 décembre. L'éditeur Hindawi a été contraint de retirer d'un coup dix articles dont un des co-auteurs, le Sud-Coréen Jason Jung, avait frauduleusement soumis lui-même les rapports de relecture. Il est évidemment plus facile de voir son travail accepté par une revue quand on procède soi-même à son évaluation...
La deuxième affaire touche un grand nom de l'édition scientifique, le Nature Publishing Group (NPG), qui, comme son nom l'indique, publie notamment la prestigieuse revue
Nature. Dans un communiqué laconique rendu public le 18 décembre, le NPG annonce que trois articles, tous rédigés par des équipes chinoises et parus dans les journaux
Cancer Gene Therapy et
Spinal Cord, ont été retirés, c'est-à-dire désavoués. On n'a pas beaucoup d'explications mais, là encore, est en cause une fraude au niveau du
peer review. Enfin, "Retraction Watch" a annoncé le 24 décembre que le groupe d'édition SAGE, après avoir mené une enquête sur des études suspectes soumises à une de ses revues, le
Journal of the Renin-Angiotensin Aldosterone System (
JRAAS), avait retiré 21 articles. Huit d'entre eux avaient déjà été publiés, tous issus d'équipes chinoises...
Commentaire: Avec 58 fois plus de chances de se faire tuer par un policier que par un terroriste de Daesh, il serait temps que l'Américain moyen réalise que la véritable menace vient de l'intérieur et non de l'extérieur :
-Totalitarisme 2.0 : la police américaine tue deux personnes par jour