La zone euro a lancé lundi 8 octobre son principal instrument anticrise, le Mécanisme européen de stabilité (MES). Cet instrument est stratégique car il pourra servir à recapitaliser directement les banques de la zone euro, sans alourdir la dette des Etats. A condition toutefois que les Européens mettent en place un mécanisme de supervision bancaire, prévu au mieux début 2013.

Les ministres des finances des 17 se sont retrouvés à Luxembourg, en présence du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. Ils se sont réunis en leur qualité de gouverneurs du MES pour signer l'acte de naissance de cet instrument financier permanent qui va remplacer le fonds de secours actuel, le FESF.

Pleinement opérationnel dès que les Etats auront commencé à verser leur écot, il sera en mesure de prêter environ 200 milliards d'euros d'ici à fin octobre sur une enveloppe totale de 500 milliards. L'agence d'évaluation financière Fitch lui a aussitôt attribué la note la plus élevée, le triple A, qui permet d'emprunter aux meilleurs taux.

La possibilité de recapitaliser directement les banques intéresse au plus haut point l'Espagne, qui a obtenu en juin une ligne de crédit de 100 milliards d'euros de la zone euro pour ses établissements de crédit.

FREINAGE ESPAGNOL

Mais l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande - les pays les plus durs de la zone euro - ont récemment laissé entendre que cela ne s'appliquerait pas aux banques déjà en difficulté avant l'entrée en vigueur du mécanisme.

Le ministre irlandais des finances, Michael Noonan, a indiqué à la presse en marge de la réunion qu'il doutait que ce point soit éclairci lundi, mais "la politique décidée le 29 juin par les chefs d'Etat et de gouvernement est celle qui prévaut", a-t-il insisté. Il a souligné que les écarts de taux d'intérêts entre pays européens, après un accès de fièvre, étaient revenus à un niveau d'après le sommet du 29 juin.

Concernant Madrid, les ministres devraient seulement examiner les mesures d'austérité et les réformes récemment décidées par le gouvernement, alors que la nécessité pour le pays de demander une aide globale pour son économie fait débat au sein de la zone euro. "L'Espagne n'a pas besoin d'aide. C'est ce que le gouvernement espagnol ne cesse de répéter", a souligné le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, à son arrivée à Luxembourg.

CAISSES VIDES EN GRÈCE

Madrid freine depuis des mois, par crainte de se voir imposer de nouvelles conditions en échange d'un sauvetage. Alors que les taux d'emprunt espagnols flambaient depuis quelques mois autour de 7 %, un niveau insoutenable dans la durée, ils se sont fortement détendus grâce aux mesures anticrise annoncées par la BCE début septembre.

La zone euro ne devrait pas non plus prendre de décision sur la Grèce. Les ministres se contenteront d'un état des lieux des finances publiques et des négociations entre Athènes et ses créanciers internationaux sur les mesures d'économies budgétaires. Aucun accord n'est intervenu samedi sur ce programme, qui est un préalable au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros. Les négociations ont été suspendues et doivent reprendre cette semaine.

Vendredi, le premier ministre grec, Antonis Samaras, avait reconnu que son pays ne pourrait tenir que "jusqu'à la fin novembre" sans nouvelle aide. "Après les caisses sont vides", a-t-il affirmé.