Une hormone favorisant la lactation et l'accouchement, l'ocytocine, pourrait être une clef thérapeutique dans certaines formes d'autisme, a indiqué jeudi Angela Sirigu, une chercheuse du CNRS qui mène des recherches à ce sujet.

« Elle pourrait un jour devenir une thérapeutique dans le syndrome d'Asperger », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Paris après avoir reçu le prix du "chercheur de l'année" décerné par la fondation FondaMental et le Groupe Dassault.

Le syndrome d'Asperger est une forme d'autisme dans lequel les personnes ont des capacités normales ou supérieures à la moyenne, mais de grandes difficultés de communication et d'interaction avec les autres. Le principal problème des patients atteints de cette forme d'autisme est qu'il n'arrivent pas à interpréter les réactions des autres personnes.

En 2010, l'équipe de Angela Sirigu, du Centre de neuroscience cognitive à Lyon, avait publié la première étude démontrant un effet très positif de l'ocytocine, administrée par voie nasale, sur le comportement social de 13 patients souffrant d'autisme de haut niveau ou de syndrome d'Asperger.

Elle leur avait notamment permis de mieux s'adapter au contexte social en identifiant les individus au comportement le plus coopératif, contrairement aux patients ayant reçu des placebos.

L'hormone du lien social

L'ocytocine est une hormone qui favorise la lactation et l'accouchement et joue un rôle dans le lien social et les comportements émotionnels. Elle est déjà utilisée en obstétrique pour faciliter l'accouchement, mais n'est disponible en France que sous forme injectable, alors qu'elle existe sous forme de spray nasal dans d'autres pays comme la Suisse.

Angela Sirigu a reconnu que pour l'instant l'ocytocine n'avait qu'une action très limitée dans le temps (de l'ordre de 90 minutes) et que des recherches approfondies étaient encore nécessaires avant d'envisager un éventuel traitement.

Parmi les pistes à explorer, Angela Sirigu a mentionné l'action de l'ocytocine sur le cerveau de sujets sains ou encore une étude chez les primates, qui ont le comportement social le plus proche de l'homme.

« Nous sommes au tout début des recherches », a commenté le Dr Marion Leboyer (Inserm, hôpital Chevenier à Créteil), qui a collaboré à l'étude.

Directrice de la fondation FondaMental, Mme Leboyer a déploré que la France ne consacre que 2 % de son budget (contre 7 % au Royaume Uni et 11 % aux USA) à la recherche biomédicale sur les maladies mentales, alors que celles-ci sont la première cause d'invalidité et le deuxième motif d'arrêt de travail.