Rats expérience OGM
© DRLa décision attendue du Haut conseil des biotechnologies est tombée ce lundi matin: les conclusions de l'étude de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité des OGM sont contestables.

Deux instances de contrôle en France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et le Haut Conseil des biotechnologies (HCB), ont successivement estimé lundi que l'étude choc du Pr Séralini sur la toxicité des OGM sur le maïs transgénique NK603 et l'herbicide Roundup n'était «pas de nature à remettre en cause les précédentes évaluations».


Mais l'Anses appelle à engager des travaux sur les effets à long terme de la consommation d'OGM associés à des pesticides. L'agence, saisie par le gouvernement, souligne «le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d'une consommation d'OGM associés à des pesticides». Ce lundi matin, le HCB, également mandaté par le gouvernement, avait déjà abouti aux mêmes conclusions et recommandé une étude «indépendante» sur le long terme et «entreprise sous l'égide des pouvoirs publics».

Paris veut la remise à plat du dispositif européen des OGM

De son côté, le gouvernement français a plaidé lundi pour une «remise à plat du dispositif européen d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides», et va chercher à renforcer les études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM associés à des pesticides.

Une étude de long terme est préconisée par le comité économique éthique et social (Cees) du HCB pour «lever le doute» que l'étude Séralini a instillé «dans l'opinion publique», explique Christine Noiville, la présidente de ce comité qui souhaite que le professeur fasse partie de la nouvelle étude: «C'est l'une des conditions pour que l'étude soit ensuite considérée par tous comme légitime», précise-t-elle.

Des réserves qui amènent l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV, pro-OGM) à craindre que cette demande de nouvelles études ne vienne «décrédibiliser les propres conclusions(de l'Anses et du HCB) rassurantes pour le consommateur.»

Le professeur Séralini accepte cette participation à une deuxième étude mais demande une interdiction des OGM en attendant. Il estime en effet que ses travaux, d'une durée inhabituelle de deux ans, montrent un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec ce maïs, associé ou pas au Roundup, un herbicide contenant du glyphosate. Le 19 septembre dernier, ses conclusions avaient été publiées dans la revue scientifique américaine Food and chemical toxicology.

Or le Haut conseil des biotechnologies conclut ce lundi qu'il n'y a «pas de causalité entre les événements observés et la consommation de maïs NK603, traité ou non avec l'herbicide Roundup [...] Le dispositif expérimental mis en oeuvre est inadapté aux objectifs de l'étude». Autrement dit, l'article de Séralini ne «remet pas en cause les conclusions des évaluations précédentes sur cet OGM».

L'Autorité européenne déplore le manque de coopération de Séralini

Vendredi, six académies scientifiques françaises estimaient déjà que ce travail controversé sur des rats «ne permet aucune conclusion fiable» en raison de «nombreuses insuffisances». Les scientifiques critiquaient notamment la méthodologie statistique employée pour évaluer la fréquence de survenue de tumeurs chez les rats, jugeant en outre que le choix des animaux utilisés, qui seraient naturellement sujets à des tumeurs, est sujet à caution.

De son côté, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a déploré lundi le refus du chercheur français Gilles-Eric Séralini de lui fournir les compléments d'informations, réclamés sur son étude démontrant la toxicité d'un maïs OGM, pour finaliser son avis définitif.
Séralini souhaite une interdiction du maïs NK603 avant une nouvelle étude

L'auteur de étude controversée sur un maïs OGM, a estimé lundi que la recommandation du Haut conseil des biotechnologies (HCB) pour une nouvelle étude à long terme constituait un «progrès» mais qu'il fallait, en attendant, «interdire» le maïs concerné.
«C'est un progrès qui est réalisé, il faut remarquer l'ouverture d'esprit», a déclaré le Pr Séralini à l'AFP.
«Mais aujourd'hui, l'enjeu est un enjeu de santé publique. Une étude de deux ans, ça prend quatre ans à mettre en place et à analyser, et pendant ces quatre ans, qui va encore être malade ou mourir à cause de ces produits mal évalués ?», a-t-il ajouté.
«Entre-temps, on doit interdire» le maïs NK603 produit par Monsanto. Le Pr Séralini a par ailleurs estimé que l'avis du HCB sur son étude était invalidé du fait que cette institution «est juge et partie» sur la question des OGM. «Ils travaillent avec les gens qui ont permis de valider ces produits», a-t-il encore assuré.