Djihadists North-Mali
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Un vaste mouvement de djihadistes ralliant le nord du Mali est observé ces derniers jours au fur et à mesure que se précise l'opération diligentée par la France pour récupérer cette région entre les mains des islamistes radicaux.

En provenance notamment du Soudan, de Libye et de Somalie, ces éléments viennent "en renfort" pour faire face à une attaque des forces maliennes et ses alliés, a indiqué une source sécuritaire malienne. Des témoignages de Tombouctou ont affirmé que plus de 150 islamistes soudanais sont arrivés en 48 heures dans la ville : "Ils sont armés et ont expliqué qu'ils sont venus pour aider leurs frères musulmans contre les mécréants."

Une source proche d'une ONG a confirmé l'arrivée à Tombouctou et sa région, entre les mains d'Ansar Dine et Aqmi, de Soudanais mais aussi d'islamistes d'autres nationalités. À Gao, autre ville occupée par les djihadistes, il est observé, depuis vendredi, l'arrivée de nouveaux combattants qui viennent rejoindre le Mujao, la franchise d'Al-Qaïda pour l'Afrique de l'Ouest, qui contrôle la ville et sa périphérie. Des témoins déclarent avoir vu de nouveaux véhicules pick-up, remplis d'hommes armés, au siège du Mujao. Habib Ould Issouf, l'un des dirigeants de ce dernier-né d'Al-Qaïda, originaire du Niger, a confirmé l'arrivée de ces islamistes étrangers. "Ils veulent la guerre. On va faire la guerre. C'est pourquoi nos frères viennent de partout. Ils viennent du Sahara occidental, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, de partout", a-t-il affirmé.

Cette arrivée massive de renforts aux islamistes dans le nord-Mali a commencé lorsqu'une réunion internationale de haut niveau à Bamako a, pour ainsi dire, endossé le plan français en demandant aux autorités de Bamako de redoubler d'efforts pour faciliter l'envoi d'une force armée ouest-africaine soutenue par l'ONU et l'UA. La présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, a déclaré dans la capitale malienne qu'il faut "envisager une intervention militaire" pour mettre fin à la crise au Mali.

S'exprimant à la suite de la réunion du Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, mis en place par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA en mars dernier, Mme Zuma a affirmé qu'une note technique sera soumise à l'Union africaine le 24 octobre et bénéficiera des appréciations de la Cédéao avant d'être soumise au Conseil de sécurité de l'ONU. La Cédéao, également présente à cette réunion, a déclaré que ses forces sont prêtes. Cependant, si ses membres comme le Bénin, le Togo, le Nigeria sont prêts a envoyer chacun 600 hommes, d'autres comme le Niger disent ne pouvoir envoyer que 100 hommes de même que le Sénégal qui, après avoir reçu des menaces et une tentative d'intimidation de la part des islamistes, a d'abord refusé d'en envoyer soi-disant parce que beaucoup de militaires sénégalais se trouvent dans des zones de conflit dans la sous-région, notamment en Guinée-Bissau.

Quant à la Côte d'Ivoire et au Liberia, ils disent ne pas être en mesure d'en envoyer, et il y en a d'autres comme le Ghana qui ne se sont même pas encore prononcé là-dessus et qui ne semblent pas avoir l'intention d'envoyer des troupes. L'intervention de la force armée sous-régionale au Mali, partiellement occupé par des groupes terroristes, n'est plus très loin car la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU l'autorise, a déclaré à Abidjan le président ivoirien Alassane Ouattara, par ailleurs, président en exercice de la Cédéao.

Cependant, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) a démenti "formellement" hier un afflux de jihadistes soudanais et sahraouis dans le nord du Mali, y voyant une "intoxication" destinée à décourager une intervention armée internationale. "L'arrivée de convois de combattants jihadistes du Soudan et du Sahara occidental est une information archi-fausse. Nous démentons formellement", a déclaré à l'AFP Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, l'un des responsables du MNLA vivant à Ouagadougou.