Le crime organisé touchait de 2 à 2,5 % des contrats et le « politique », 3 %, affirme Luc Leclerc, fonctionnaire à la retraite de la Ville de Montréal, corrompu pendant près de 15 ans. Il affirme qu'on en parlait ouvertement au cours des activités sociales organisées par le cartel.

« Ce n'était pas si caché ; c'est que personne n'a pris le taureau par les cornes », a glissé Luc Leclerc.

Plus tard durant son témoignage, l'ingénieur à la retraite a même affirmé que la corruption faisait partie de la « culture d'entreprise » à la Ville de Montréal. Dès son arrivée en 1990, ses huit collègues ingénieurs recevaient des cadeaux de Noël chaque année des entrepreneurs en construction.

Luc Leclerc dit simplement s'être « adapté » en acceptant ces cadeaux. « À Rome, on fait comme les Romains », a-t-il justifié.

En fait, avant même d'arriver à la Ville, Luc Leclerc dit que les entrepreneurs en construction savaient qu'il serait embauché. Ils l'ont alors invité à participer à des « activités sociales » où les cadeaux pleuvaient. Un camion arrivait rempli de victuailles et bouteilles de vin à distribuer. « Quelqu'un voulait des billets de hockey ? Il en demandait », a dit le retraité.

M. Leclerc a admis mercredi avoir accepté des pots-de-vin de la part d'entrepreneurs en construction, dont environ 500 000 $ comptant. Et il a soutenu qu'« à peu près tout le monde » à la Ville était au courant du système de collusion.

Et, comme d'autres témoins avant lui, il a indiqué que le stratagème de collusion et corruption « était beaucoup plus large que la ville de Montréal » et touchait notamment la couronne nord et l'ouest de l'île.

Désinvolte, il était même à l'aise d'énumérer ces cadeaux et cet argent reçus de la part d'entrepreneurs, jusqu'à un jambon, lui qui approuvait les travaux en « extras » aux contrats publics octroyés par la Ville.

Il a aussi confirmé être allé jouer au golf en République dominicaine avec le parrain de la mafia, Vito Rizzuto, et son collègue ingénieur Gilles Surprenant.