Hillary Clinton
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Hilary Clinton a perdu de son temps si précieux de chef de la diplomatie de la plus puissante nation du monde en se rendant en Algérie pour tenter de rallier les dirigeants de ce pays au projet d'envoi d'une force africaine ou internationale au nord du Mali aux fins de le libérer des groupes islamo-terroristes qui l'occupent depuis sept mois. En effet, elle n'a pas eu gain de cause et c'est le contraire qui eût été surprenant.

L'Algérie, c'est connu, est le berceau du terrorisme qui gangrène actuellement le Sahara occidental, le septentrion malien en particulier.

C'est de là qu'est parti AQMI, ultime avatar du mouvement islamiste qui, injustement privé de sa victoire aux urnes, s'est mué en partie en organisation terroriste, plongeant le pays dans une guerre civile qui a fait 200.000 morts. Ces dernières années, le pouvoir algérien est parvenu à rejeter ce qui reste des « barbudos » au nord du Mali.

Depuis, l'Algérie se barricade à l'intérieur de ses frontières, périodiquement secouée par des attentats qui ont diminué d'intensité mais qui sont restés aussi sanglants et un pan important de sa politique sécuritaire consiste à exercer une surveillance étroite sur sa frontière commune avec le Mali, longue de 1 400 km, pour empêcher toute infiltration des katibas (cellules combattantes d'AQMI).

L'Algérie redoute qu'une intervention militaire de grande envergure au nord du Mali n'entraîne une instabilité dans sa partie australe, voire au-delà, dans les régions kabyles qui aspirent à l'indépendance depuis des décennies. Les Kabyles, qui revendiquent le statut de premiers occupants du pays et possèdent un gouvernement en exil, non reconnu par la communauté internationale, pourraient reprendre les manifestations violentes observées dans les années 90.

D'où ssa préférence pour une « solution négociée » tout en sachant parfaitement qu'elle est inopérante. Elle a, en effet, joué le rôle de facilitateur dans toutes les crises au nord du Mali antérieures à celle qui prévaut actuellement. Les négociations menées sous sa férule ont toutes débouché sur une paix précaire qui a seulement permis aux insurgés de reprendre du souffle et de mieux se préparer pour la prochaine confrontation.

L'offre de « solution négociée » est utile à l'Algérie parce qu'elle espère s'en servir pour préserver le statu quo au Mali aussi longtemps que possible. Ce calcul ne doit pas échapper à ceux qui pensent que le retour à la paix et la sécurité au nord du Mali passe infailliblement par Alger. Il fait le bonheur de notre grand voisin du nord mais pas le nôtre.

François Hollande, qui doit emboîter le pas à la secrétaire d'Etat américaine dans les salons feutrés d'El- Mouradia, en décembre prochain, période prévue pour le déploiement de la force d'intervention, doit y porter sa plus sérieuse attention.