Nouveau rebondissement dans l'affaire du Médiator. Ce médicament antidiabétique, également utilisé comme coupe-faim et pris par deux millions de Français, a fait 500 morts, selon les autorités de santé.

C'est un scandale de santé publique qui n'a sans doute pas fini de faire parler de lui. Le médicament Mediator a fait 500 morts en France. Selon nos informations, c'est la conclusion d'une étude de la Caisse nationale d'assurance maladie qui a été présentée hier devant la commission nationale de pharmacovigilance de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

Ces 500 décès ont été provoqués à la suite de valvulopathies, c'est-à-dire des atteintes cardiaques graves, provoquées par le Mediator. Ces chiffres de décès seront présentés ce matin à l'occasion d'une conférence de presse de l'Afssaps. En outre, 3500 personnes auraient été hospitalisées après avoir été traitées au Mediator.
Fabriqué par le laboratoire Servier, que nous avons tenté de joindre hier, cet antidiabétique (dont le principe actif est le benfluorex) a été pris par deux millions de personnes depuis sa commercialisation en France en 1976. Il a aussi été vendu à des personnes, en majorité des femmes, qui voulaient perdre du poids. Ce médicament a été retiré du marché en France en novembre 2009 par les autorités sanitaires au motif « qu'il avait une efficacité modeste dans le traitement du diabète » et provoquait « un risque d'atteinte des valves cardiaques ». Mais il avait été interdit aux Etats-Unis depuis 1997, et en Espagne et en Italie depuis 2005.

Il ressemble de très près à l'Isoméride

Pourquoi donc avoir attendu aussi longtemps, en France, avant de l'interdire ? L'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé se défend d'avoir sous-estimé la dangerosité du produit. Mais cette question se pose d'autant plus qu'il ressemble de très près à un autre médicament coupe-faim, l'Isoméride, produit par le même laboratoire, et qui a fait lui aussi des décès par valvulopathies dans les années 1990.

Après ces nouvelles révélations, les autorités de santé vont devoir décider si elles doivent rappeler nommément des patients qui ont pris du Mediator. C'est ce que demande le député PS Gérard Bapt, rapporteur spécial de la mission santé de la commission des Finances de l'Assemblée nationale (lire ci-dessous). Voilà en tout cas, pour Xavier Bertrand, qui a pris hier ses fonctions de ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, un premier dossier brûlant.