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"Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l'Etat." | AFP/GIANLUIGI GUERCIA
Le président égyptien, Mohamed Morsi, a suspendu dans la nuit de dimanche à lundi 10 décembre des hausses de taxes sur des produits de base et de grande consommation, quelques heures avant leur entrée en vigueur, alors que le pays traverse une grave crise politique, a-t-on appris de source officielle.

M. Morsi a demandé au gouvernement du premier ministre, Hicham Qandil, "d'ouvrir un dialogue social sur ces mesures afin de ne pas alourdir le fardeau sur les citoyens", a rapporté l'agence officielle Mena. Le porte-parole de la présidence, Yasser Ali, a précisé que la décision n'était pas annulée, mais "suspendue jusqu'à la fin de la consultation". Les hausses devaient concerner des produits comme l'acier, le ciment, les sodas, la bière ou encore les cigarettes. Cette crise a déjà amené le gouvernement à prendre des mesures d'austérité comme une réduction des subventions sur le gaz butane et sur l'électricité, rappelle l'agence Mena.

L'ARMÉE A LE POUVOIR D'ARRÊTER LES CIVILS

Parallèlement, M. Morsi a demandé à l'armée d'assurer la sécurité jusqu'à l'annonce du résultat du référendum prévu samedi sur un projet de Constitution, dans un décret prenant effet lundi. "Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l'Etat, pour une période temporaire jusqu'à l'annonce du résultat du référendum sur la Constitution", selon le texte de ce décret publié au journal officiel. M. Morsi accorde à l'armée le pouvoir d'arrêter des civils, à la veille de manifestations rivales. "Les officiers et sous-officiers des forces armées (...) ont tous les pouvoirs d'arrestation judiciaire", selon le décret.

Pour tenter de sortir de la crise politique dans laquelle l'Egypte est plongée, M. Morsi a annulé samedi soir le décret par lequel il avait placé ses pouvoirs au-dessus de tout recours en justice. Ce décret avait provoqué une tempête de protestations et déclenché une fronde au sein de la magistrature. Il est remplacé par un nouveau décret qui supprime cette clause et qui prévoit en outre l'organisation d'un nouveau scrutin pour élire une Assemblée constituante, "au cas où les électeurs décideraient de rejeter le projet de Constitution lors du référendum de samedi prochain".

Mais Mohamed Morsi a maintenu le référendum du 15 décembre sur un projet de Constitution contesté, son camp expliquant qu'un report était juridiquement impossible. La loi stipule en effet que le référendum doit se tenir deux semaines après la remise du texte au chef de l'Etat, ce qui a été fait le 1er décembre.