Il n'y a pas de « gène gay ». On a eu beau fouiller dans une cinquantaine d'années de recherches : on n'a trouvé aucun lien entre l'homosexualité et les activations épigénétiques qui sont capables de moduler la sensibilité aux hormones masculines durant le développement foetal. Les efforts ont été réalisés dans ce sens, mais les résultats n'ont pas été à la hauteur.

Des chercheurs américains (université du Tennessee) et suédois ont donc développé une autre hypothèse sur cette base. La sensibilité aux hormones sexuelles durant le développement de l'être à venir dans l'utérus de la mère est régulée différemment pour les personnes qui vont devenir ensuite homosexuelles ou hétérosexuelles. Ils ont même construit un modèle mathématique afin de tester leurs idées. Il y aurait bien une réponse de type « épigénétique ». Pour expliquer les différences sexuelles chez les humains (car les autres explications reposant sur l'Évolution ou la sélection naturelle ne sont pas entièrement satisfaisantes).

Pour rappel, l'épigénétique prend de plus en plus de poids sur l'aspect génétique dans les recherches actuelles. Alors que la génétique regarde l'ADN, l'épigénétique regarde comment certains gènes présents dans l'ADN sont « allumés » ou « éteints ». On a donc regardé les activations de gènes qui sont stimulés par les chromosomes sexuels. Normalement, ces activateurs sont « effacés » entre les générations et produits à nouveau dans le foetus afin de réagir à l'exposition à la testostérone durant le développement. Les foetus avec des chromosomes XX sont moins sensibles aux hormones mâles alors que les foetus XY y sont plus sensibles.

À certaines occasions toutefois, l'« effacement » ne se produit pas pour certaines activations et ils sont transmis au foetus en développement. Lorsque cela intervient de la mère vers le fils ou du père vers la fille, le résultat peut intervenir sur la masculinisation ou la féminisation ainsi que sur l'orientation sexuelle de l'homme ou la femme en devenir.

Cette théorie en est à ses prémisses et demande à être prouvée expérimentalement, mais on dispose déjà de quelques indices troublants. Ainsi, il arrive qu'un testicule ne descende pas dans le scrotum ou que le développement de l'urètre chez l'homme se passe de manière anormale : on retrouve les mêmes influences épigénétiques que chez les homosexuels.

On sait depuis longtemps que l'homosexualité ne peut être expliquée complètement par la génétique puisqu'il existe de vrais jumeaux qui ont deux orientations sexuelles différentes. Le modèle mathématique développé doit maintenant subir le test des preuves expérimentales ; cela pourra se faire grâce aux études des modifications épigénétiques de personnes hétérosexuelles ou homosexuelles, dont des jumeaux.

Pour aller plus loin: Rice, W. R., U. Friberg, and S. Gavrilets Homosexuality as a consequence of epigenetically canalized sexual development. Quarterly Reviews in Biology, Volume 87 Number 4
December 2012