Les patients qui ont pris du Mediator expriment leur inquiétude et dénoncent une réaction trop tardive des autorités et du corps médical. Le médicament produit par le laboratoire Servier, interdit à la vente fin 2009, aurait causé la mort de 500 personnes en trente ans.

* "Médecin, je considérais ce produit comme néfaste",. par Gérard K.

Je suis médecin à la retraite depuis deux ans maintenant. Mais j'ai connu dans les années 70 le Mediator, qui était alors présenté comme anti-lipémiant, que j'ai prescrit très peu de temps car je m'étais rendu compte que les effets indésirables étaient nettement supérieurs à ceux des autres produits sur le marché. Si bien que lorsque les délégués médicaux du laboratoire Servier [qui produit le Mediator] venaient me voir, je leur ai toujours demandé d'éviter de me présenter ce produit, que je considérais comme néfaste. Pendant quelque temps, je n'en ai plus entendu parler et un beau jour, il est ressorti comme antidiabétique que, bien sûr, je me suis refusé à prescrire. 500 morts sous Mediator, annoncez-vous ? Cela n'a pas empêché Mitterrand de décorer M. Servier pour service rendu à la nation. [...]

* "J'avais toute confiance en ce médecin",. par Dominique L.

Dans le cadre d'un régime d'amaigrissement, un médecin nutritionniste du Havre, spécialisé en homéopathie, m'a prescrit pendant plusieurs années (fin des années 90, début des années 2000) cette pilule prétendument miracle, à prendre en milieu de repas. C'était pour éliminer les graisses, je ne savais pas que c'était un coupe-faim. D'ailleurs, qu'aurais-je fait si je l'avais su ? J'étais (et suis toujours) en surpoids et ma priorité, c'était de me battre contre tous ces kilos superflus. En outre, j'avais toute confiance en ce médecin à qui je ne reproche rien puisqu'il a fait son boulot, tout simplement.

Je me suis rapprochée de mon médecin traitant et je vais subir tous les examens médicaux pour vérifier si je n'ai pas de lésions cardiaques. J'espère que tout ira bien mais, si tel n'est pas le cas, je pense que je démarrerais une procédure judiciaire à l'encontre du laboratoire distributeur de ce médicament. Il y a tout de même eu un précédent avec l'Isoméride et je ne comprends pas que ce laboratoire ait pu continuer avec le Mediator.

* "Nous étions plusieurs jeunes femmes à vouloir perdre quelques kilos", .par Fabienne G.

A l'époque, en 1996, nous étions plusieurs jeunes femmes (environ 25 ans) à vouloir perdre quelques kilos. Nous avons toutes vu le même nutritionniste toulousain, qui nous a prescrit du Mediator en association avec des consignes alimentaires à raison d'une cure de trois mois, qui a pour moi été renouvelée deux fois, soit neuf mois de traitement. A l'époque, je ne me suis posée aucune question concernant l'innocuité de ce médicament. Je n'ai pas eu de problème de santé jusqu'à présent mais n'ai pas non plus consulté en cardiologie et pneumologie. Aujourd'hui, administrant des médicaments antiallergiques à mes enfants au long cours, je m'interroge : n'apprendrons-nous pas un jour qu'il y a des dangers ?

* "Mon médecin traitant m'avait affirmé que le Mediator était sans aucun risque", .par Philippe G.

En octobre de l'année dernière, mon médecin traitant m'avait prescrit le Mediator pour m'aider à perdre quelques kilos, il m'avait affirmé que le Mediator était un médicament absolument sans aucun risque et que beaucoup de gens le prenaient. Je l'avais alors pris pendant trois semaines même si je n'avais pas l'habitude de prendre des médicaments. Je viens d'apprendre que le Mediator pouvait provoquer des problèmes cardiaques et j'ai vraiment peur. Je suis outré que ce médicament n'ait pas été retiré du marché plus tôt et surtout je ne comprends pas pourquoi mon médecin traitant n'était pas au courant des dangers.

* "Tout cela pour perdre deux kilos",. par Séverine G.

Je viens d'entendre et de lire les nouvelles et je dois dire que je suis inquiète. Ma gynécoloque m'avait prescrit du Mediator pendant quelques mois à l'été 2009 car je n'arrivais pas à perdre le poids que j'avais pris (3 kg). Je me souviens parfaitement de lui avoir demandé si ce médicament était dangereux (je suis en général très réticente à prendre des médicaments, surtout pour ce genre de chose). Elle m'a répondu que je n'avais rien à craindre !

Je devais le prendre deux fois par jour pendant deux mois. Ne me sentant pas bien du tout les premières semaines (extrême fatigue, etc.), j'ai préféré réduire la dose (une fois par jour) et prendre le médicament pendant quatre mois. Personne, que ce soit mon médecin ou ma pharmacienne, ne m'a mise en garde. Je précise que je ne suis ni obèse ni même diabétique. Si j'avais su avant les risques encourus jamais je n'aurais pris de Mediator !! Tout cela pour perdre deux kilos !

* "Mon pharmacien me le vendait sans prescription", .par Claudia M.

J'ai pris du Mediator sur les conseils de mon médecin, dans le but de m'aider à perdre du poids. Médicament miracle. Passée la première semaine où l'on est épuisé et pendant laquelle on ressent une certaine confusion mentale (trous de mémoire, fatigue intellectuelle...), les effets sont immédiats. Perte spectaculaire de l'appétit et absence totale d'envie de sucre. C'est dire l'attrait que ce médicament pouvait présenter. Je l'ai utilisé pendant des années à raison d'une cure ou deux par an sur une durée d'un ou deux mois chaque fois. Mon pharmacien me le vendait sans prescription. J'avais été évidemment une fidèle de l'Isoméride en son temps... prescrit également par mon médecin pour m'aider à perdre le poids pris durant un traitement contre la dépression. Vous comprendrez aisément qu'aujourd'hui j'hésite à retourner voir un médecin afin d'évaluer les dégâts...

Les laboratoires pharmaceutiques ont aujourd'hui réponse à tout : vous êtes anormalement triste, quelques antidépresseurs ! Vous avez grossi et cela n'arrange pas votre humeur : un médicament pour maigrir. Ce médicament est dangereux, ce n'est pas grave, on vous en prépare un autre, le même en fait. Le temps que l'on en meure, il aura rapporté suffisamment d'argent. Mais je ne me fais aucun souci, ce labo ne va pas tarder à sortir un médicament pour contrer les effets du précédent, pourquoi s'inquiète-t-on ? Et après vous passez pour une paranoïaque lorsque vous vous méfiez des ordonnances à rallonge !