Deux semaines après le viol sauvage d'une jeune étudiante indienne dans un bus à New Delhi, l'émotion est toujours aussi vive en Inde, où toutes les manifestations du Nouvel An ont été annulées. Dernier exemple en date : des avocats rattachés à un tribunal de New Delhi qui doit juger les accusés ont annoncé mercredi 2 janvier qu'ils refuseraient de défendre les six suspects.

La première audience du tribunal du district de Saket, situé dans le sud de la capitale fédérale, devrait s'ouvrir jeudi sur la présentation du rapport de 1 000 pages dressé par la police. "Nous avons décidé qu'aucun avocat ne se présentera pour défendre les accusés du viol, parce que ce serait immoral de défendre l'affaire", a annoncé Sanjay Kumar, un avocat membre du Barreau du district de Saket. Selon M. Kumar, les 2 500 avocats enregistrés auprès du tribunal ont décidé de "rester à l'écart" pour assurer une "justice rapide", signifiant ainsi que les avocats des suspects devront être commis d'office.

Six personnes ont été arrêtées après la violente agression survenue dans un bus à New Delhi le 16 décembre. Cinq hommes doivent être jugés pour meurtre et viol par le tribunal de Saket. Le ministre de l'intérieur, Sushilkumar Shinde, a indiqué mardi que les suspects encouraient la peine de mort s'ils étaient jugés coupables. Le sixième accusé, qui aurait 17 ans, devrait être jugé par un tribunal pour enfants mais il subissait actuellement un examen osseux pour vérifier son âge.

LES VIOLEURS ONT TENTÉ DE L'ÉCRASER

Les violeurs de l'étudiante, morte samedi, ont tenté de l'écraser après l'agression, rapporte mercredi la presse, citant un rapport de police accablant. Violée à plusieurs reprises, agressée sexuellement avec une barre de fer rouillée, l'étudiante de 23 ans avait été jetée hors du véhicule avec son compagnon. Ce dernier, battu à coups de barre de fer et jeté du bus après le viol, avait réussi à temps à la mettre hors de portée du bus qui se préparait à l'écraser, selon ce rapport de 1 000 pages qui doit être présenté à la justice jeudi.

Selon plusieurs quotidiens et des chaînes de télévision, la jeune femme, morte samedi soir des suites du viol, a mordu trois de ses agresseurs pour tenter de leur échapper. Les morsures, ainsi que du sang, du sperme et des cheveux, de même que le témoignage du petit ami devraient servir de preuves contre les accusés, selon la presse et des sources policières.

TENTATIVE DE DESTRUCTION DE PREUVES

Six personnes ont été arrêtées. Cinq hommes devraient passer en jugement jeudi pour meurtre et viol devant un tribunal mis en place spécialement. Le sixième suspect, âgé de 17 ans, devrait être jugé par un tribunal pour enfants.

"La femme et son ami ont été déshabillés et jetés hors du bus", rapporte le quotidien The Indian Express. "Son ami l'a mise à l'écart lorsqu'il a vu que le bus faisait marche arrière pour l'écraser." Selon The Times of India, l'un des éléments d'accusation que compte présenter la police porte sur la destruction de preuves par le chauffeur du bus, qui a pris part au viol de l'étudiante : selon le rapport, ce dernier a tenté de laver le véhicule et a brûlé les vêtements arrachés à la victime.

La nature particulièrement violente de cette attaque a fait exploser la colère jusque-là contenue en Inde contre les agressions et viols commis en toute impunité dans ce pays. Devant la vague d'indignation et de condamnations internationales, le premier ministre, Manmohan Singh, s'est engagé à alourdir les peines prévues pour les auteurs de crimes sexuels. Un groupe d'experts dirigé par un ancien président de la Cour suprême a été mis en place dans cette perspective.