Extrait La Tribune de Lyon
© Inconnu

Monsieur le rédacteur en chef,

Nous avons lu avec beaucoup d'attention votre dossier paru dans le numéro 371 en date du 17 janvier 2013. Sous l'intitulé accrocheur et sensationnaliste « Pourquoi les juifs de Lyon ont peur », le sous-titre dresse le décor : « Les actes antisémites ont doublé en un an. Qui sont ceux qui soufflent sur les braises ? »

Nous sommes atterrés de ce que nous avons lu tout au long de ces neuf pages.

Loin de nous l'idée que l'occupation de la Palestine n'aurait pas de conséquences sur la nécessaire concorde entre les communautés, sur le territoire français.

Loin de nous aussi l'idée que, malheureusement, l'amalgame, ne puisse pas parfois exister entre Israël, sa politique de guerre et les juifs de France.

Loin de nous la négation d'actes au caractère antisémite avéré prenant pour cible nos compatriotes de confession israélite. Nous avons déjà eu l'occasion de nous exprimer sur ces sujet au moins à deux reprises ces derniers mois, au moment des tueries de Toulouse et de l'agression de jeunes juifs à Villeurbanne (1).

Monsieur le rédacteur en chef,

Nous avons lu avec beaucoup d'attention votre dossier paru dans le numéro 371 en date du 17 janvier 2013. Sous l'intitulé accrocheur et sensationnaliste « Pourquoi les juifs de Lyon ont peur », le sous-titre dresse le décor : « Les actes antisémites ont doublé en un an. Qui sont ceux qui soufflent sur les braises ? »

Nous sommes atterrés de ce que nous avons lu tout au long de ces neuf pages.

Loin de nous l'idée que l'occupation de la Palestine n'aurait pas de conséquences sur la nécessaire concorde entre les communautés, sur le territoire français.

Loin de nous aussi l'idée que, malheureusement, l'amalgame, ne puisse pas parfois exister entre Israël, sa politique de guerre et les juifs de France.

Loin de nous la négation d'actes au caractère antisémite avéré prenant pour cible nos compatriotes de confession israélite. Nous avons déjà eu l'occasion de nous exprimer sur ces sujet au moins à deux reprises ces derniers mois, au moment des tueries de Toulouse et de l'agression de jeunes juifs à Villeurbanne (1).

Notre charte indique : « Le Collectif 69 se réclame du principe de laïcité et est ouvert à toute personne attachée au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, à l'exclusion de celles qui professent une idéologie raciste ». Au delà de ces engagements fondateurs, nous n'avons de cesse de rappeler que le conflit du Proche Orient n'est pas une guerre ethnique ou religieuse mais une question de droits et de conflit à caractère politique.

Nous travaillons au quotidien à expliquer le conflit et, pour ce faire, à travailler avec nos partenaires de « l'Union Juive Française pour la Paix », membre actif de notre collectif, ainsi qu'avec les israéliens en lutte contre l'occupation. Vous auriez pu utilement prendre l'avis de ces témoins. Le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien a plus de 10 ans et au cours de ces dix années aucun dérapage ; aucun propos, aucune action n'ont été entachés de dérives antisémites. Nous avons pourtant organisé de très grandes manifestations (pour GAZA ou à l'occasion de la « Flottille de la liberté ») fortes de dizaines de milliers de manifestants. En ces occasions, les services de la Préfecture et responsables policiers ont loué notre maîtrise et notre sens des responsabilités. Tout au long de ces centaines de réunions publiques et manifestations, aucun de vos confrères n'ont relevé le moindre dérapage. Car la question est là.

La thèse de votre dossier est que nous soufflerions sur les braises

- Tout d'abord, parlons des braises avant d'évoquer le souffle. Les braises sont constituées par la politique de guerre de l'Etat d'Israël et par l'attitude irresponsable des représentants de la communauté juive, le CRIF en tête. Lorsque la politique du gouvernement israélien d'extrême droite, mené par Netanyahou, poursuit son agression violente et brutale à l'encontre des palestiniens, c'est un fait que nul n'ignore à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux. Les braises sont là, lorsque la colonisation se poursuit au mépris de toutes les lois internationales. Mais les braises sont encore là lorsque les instances officielles communautaires juives prennent faits et causes pour l'agresseur. Nous le disons et le répétons, les juifs de France sont bien mal représentés par les soutiens à la politique brutale de l'Etat d'Israël. Cela entraîne la confusion des esprits que nous évoquions plus haut. Confusion contre laquelle nous luttons.

Alors qu'en est-il du souffle ? Et bien, nous ne soufflons pas sur ces braises là. Nous luttons et défendons simplement les droits du peuple palestinien. Nous avons l'habitude que le CRIF nous attaque et attaque en général les défenseurs des droits des palestiniens. Nous avons l'habitude que l'annexe de l'ambassade Israélienne qu'est le CRIF s'en prenne avec ces relais d'opinion à nous, au sens large : associations, élus, intellectuels (Edgard Morin, Stéphane Hessel...). Il est moins courant qu'un journal colporte ragots, rumeurs et propagande. Vous auriez dû, en bonne déontologie journalistique, vérifier les faits et démontrer nos soi disant ambiguïtés.

Monsieur Vassé, nous avons passé plus d'une demi-heure au téléphone. J'ai bien senti que vous aviez des pré-supposés idéologiques puissants et que votre religion était faite. Lorsque vous m'accusez de professer (presque) la théorie du complot lorsque je parle de l'instrumentalisation de l'antisémitisme par Israël, je ne fais que reprendre les propos de Monsieur Netanyahou qui, indécence suprême, est venu faire campagne électorale à Toulouse, après les tueries de Merah. Invitant à cette occasion les juifs de France à émigrer... en Israël. (« En ma qualité de Premier ministre d'Israël, je le dis toujours aux juifs où qu'ils soient : venez en Israël et faites d'Israël votre chez vous »). De notre entretien, vous n'avez pas retenu mon invitation au dialogue avec les représentants de la communauté juive de France, propos qui ne cadraient probablement pas avec la thèse soutenue.

Phrase
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- Quant à nos « positions ambiguës » et notre « langage pernicieux » sur lequel « tout le monde semble s'accorder » selon votre article, il ne suffit pas d'asséner ce type de propos, nous vous demandons instamment de le DEMONTRER, preuves, attitudes, discours... à l'appui.

Nous connaissons toutes ces méthodes et son arme de destruction massive : l'accusation d'antisémitisme. Nous savons que toute critique de l'Etat d'Israël est contrée par les thuriféraires du dit Etat à l'aide de cette accusation. Plus la position d'Israël est fragile, plus cet Etat perd de crédibilité dans l'opinion publique et plus les attaques à notre endroit sont fortes. Il est moins habituel qu'un journal, jusque là mieux inspiré, fasse son lit d'attaques ignobles et infondées, reprenant mot pour mot la rhétorique des soutiens inconditionnels de l'Etat d'Israël.

Aussi nous vous demandons de publier ce droit de réponse, notre honneur, notre probité et notre combat ayant été violemment mis en cause dans vos colonnes.

Veuillez agréer, monsieur le rédacteur en chef, l'expression de nos cordiales salutations .

Jérôme Faÿnel Président, et le Conseil d'Administration du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien - Le 20 Janvier 2013

(1) Communiqués de presse :

Meurtres de Toulouse et Montauban : effroi, douleur et vigilance
Agressions antisémites de Villeurbanne : qui importe en France le conflit israélo-palestinien ?