Une étude exhaustive des systèmes de santé en Europe, publiée le 27 mars dans la revue scientifique britannique The Lancet, révèle que l'austérité imposée aux peuples européens par la Troïka BCE-UE-FMI a des effets dévastateurs sur la santé publique. Maladies mentales, suicides et épidémies se multiplient tandis que l'accès aux soins médicaux se réduit.

Le cas de la Grèce est le plus avancé et permet de voir ce qui nous attend tous si on ne change rien. L'étude révèle dans la péninsule hellénique un taux de suicide en hausse de 40 % sur l'année 2011, ainsi que de plus en plus de cas de dépressions dus essentiellement au chômage, à la détérioration des niveaux de vie et à l'absence de perspective. Les chercheurs relèvent aussi une hausse exponentielle du nombre de malades atteints du HIV, entièrement due à la suppression des programmes d'échanges de seringues par la Troïka. La Grèce fait également face à des épidémies de malaria, de dengue et de virus du Nil occidental, des maladies tropicales inhabituelles en Europe ; mais la suppression des programmes d'épandages d'insecticides en est la cause première.

L'étude démontre aussi des phénomènes similaires au Portugal et en Espagne, où la baisse des budgets amenuise les moyens hospitaliers, et où la baisse des revenus amène les gens à ne plus se faire soigner. Ce qui d'ailleurs a pour effet d'aggraver les pathologies et donc d'accroître les dépenses de santé sur le long terme, expliquent les auteurs.

Et ce phénomène s'étend à l'ensemble des pays européens. Si ses effets n'apparaissent pas encore sur les courbes d'espérance de vie, l'Europe vient de franchir le point de rupture : les Européens meurent de la politique européenne et le progrès social n'existe plus sur le continent.

Toutefois, l'étude révèle une exception à cette destruction de la santé publique par l'austérité et la crise financière : l'Islande !
De tels effets ne sont toutefois pas inévitables. L'Islande a été l'un des premiers pays à être frappés par la crise financière (...) Pourtant, l'Islande a systématiquement rejeté l'orthodoxie économique qui appelait l'austérité, a refusé de se porter garante de l'irresponsabilité de quelques banquiers et a préféré investir sur son peuple qui, en conséquence - c'est ce que suggèrent les faits - n'a subi que très peu d'effets sanitaires négatifs.