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© LP/Carol AMAR.L'association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce la présence, dans de nombreux produits de beauté, des substances chimiques connues comme perturbateurs endocriniens.
On savait que les perturbateurs endocriniens se logeaient un peu partout, dans les biberons, les jouets ou les emballages plastiques. On en découvre maintenant dans certains cosmétiques, comme le dentifrice Colgate Total ou le gel douche Nivea Water lily & oil, alors que l'OMS et l'ONU les considèrent comme une menace mondiale pour la santé.

D'après une étude publiée ce mardi, réalisée avec trois autres associations sur 66 produits, l'UFC-Que Choisir assure avoir trouvé des perturbateurs endocriniens dans des produits cosmétiques, «sous la forme de conservateurs, d'antibactériens, de filtres solaires et d'émollients ajoutés dans les produits de beauté et d'hygiène corporelle».

L'association de consommateurs dénonce la présence, en trop forte quantité, de perturbateurs endocriniens dans le dentifrice Colgate Total et le gel douche Nivea Water lily & oil. Selon les tests, le dentifrice Colgate Total renferme 2,09 g/kg de triclosan, une dose jugée par les experts d'UFC comme «trop élevée» et susceptible d'avoir des effets sur la thyroïde. Concernant le gel douche Nivea Water lily & oil, l'étude révèle une teneur de 2,68 g/kg de propylparaben, alors que le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC), organe consultatif de l'UE, recommande de ne pas dépasser le seuil de 2,48 g/kg.
Les perturbateurs endocriniens, qu'est-ce que c'est ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques (certaines naturelles) qui interfèrent, ou sont suspectées d'interférer, avec le système hormonal humain. Ces perturbateurs endocriniens ou hormonaux sont suspectés d'avoir un impact sur la fertilité et d'être liés à l'augmentation du nombre de cancers dits hormono-dépendants, principalement ceux du sein et de la prostate.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) les considèrent d'ailleurs comme une menace mondiale pour la santé. Le Bisphénol A (BPA), une substance présente dans de nombreux contenants alimentaires et suspectée d'être un perturbateur endocrinien, a déjà été banni des biberons et de produits destinés aux enfants dans l'UE.
Alerte sur l'effet cocktail

L'UFC attire aussi l'attention sur les méfaits de l'effet «cocktail». «L'exposition est accrue lorsque l'on utilise différents produits comportant la même molécule et dont les doses s'additionnent pour atteindre un niveau de risque significatif». Selon l'association, c'est le cas avec le triclosan que l'on retrouve dans les dentifrices mais aussi dans les déodorants.

Certaines étiquettes peu fiables

En outre, l'association de consommateurs note que les listes des ingrédients sur les étiquettes de certains produits cosmétiques sont incomplètes. Les tests prouvent la présence de substances comme le phénoxyéthanol dans un savon liquide Dettol et un gel douche Nivea. Or, cette substance n'apparaît pas sur les étiquettes, souligne l'UFC. A l'inverse, certains laboratoires affichent sur leurs cosmétiques la présence de molécules que l'UFC n'a pas détecté lors des tests.

En conclusion, l'association des consommateurs appelle la Commission européenne à entreprendre «des recherches indépendantes sur l'impact de ces molécules sur le long terme» et à «renforcer la réglementation pour prendre en compte l'effet cocktail des produits l'un après l'autre».