A long terme, les petits stress quotidiens éprouvés avec son conjoint ou dans les embouteillages, qui se traduisent par une humeur et des émotions négatives. Ils prennent sur le capital « santé mentale » et pourront se traduire, quelques années plus tard, par de sérieux troubles mentaux comme la dépression, nous explique cette longue étude de cohorte américaine, publiée dans la revue Psychological Science. Des conclusions majeures qui montrent que l'accumulation de contrariétés quotidiennes peut avoir autant d'effets négatifs, à terme, sur la santé mentale, que des traumatismes psychologiques plus sévères.Ces chercheurs des Universités de California Irvine, California State Fullerton et de Pennsylvanie ont évalué, par questionnaire, en 1995 et 1996, chez 1.483 personnes âgées de 25 à 74 ans, leur bien-être physique et mental, leurs déclencheurs de stress quotidien et leurs réactions émotionnelles à ces facteurs de stress. Un questionnaire spécifique portait sur les expériences d'événements stressants quotidiens et a été rempli par les participants tous les soirs pendant 8 jours au début de l'étude. Les chercheurs ont suivi ces participants durant 10 ans et évalué leur santé mentale, dont les troubles mentaux courants comme la dépression et l'anxiété généralisée. Ils ont également tenu compte, dans leur analyse, de plusieurs facteurs de confusion possibles, comme le sexe, l'éducation et l'âge, ainsi que les sentiments négatifs éprouvés face aux facteurs de stress du quotidien.
Une humeur et des émotions « négatives » au début de l'étude s'avèrent associées avec, 10 années plus tard, des symptômes de dépression majeure, de dysthymie et des troubles d'anxiété généralisée. En fait, la réponse générale aux facteurs de stress quotidiens est le développement de troubles de la santé mentale. Il faut préciser que 10 ans plus tard, seuls 793 participants (53%) ont achevé l'étude. Parmi les participants inclus dans les analyses,
· 12,2% ont signalé des symptômes au début de l'étude correspondant soit à un trouble dépressif majeur, dysthymie ou à une anxiété généralisée.
· 10 ans plus tard, 10,3% présentaient les mêmes symptômes.
· Les participants diagnostiqués avec symptômes de dépression, troubles d l'humeur ou anxiété au départ ont un risque multiplié par 4 d'avoir toujours ce diagnostic 10 ans plus tard (OR : 3,98, IC : 95% de 2,03 à 7,81).
· Les émotions négatives du quotidien entraînent elles-aussi un risque accru de 30% de présenter ces symptômes sévères 10 années plus tard (OR 1,31).
· Les facteurs de stress vécus au quotidien sont associés à un risque accru de 25%, 10 ans plus tard (OR 1,25,) et un risque accru de plus de 50% d'expérience auto-déclarée ou de diagnostic de ces troubles (OR 1,56).
· Le nombre moyen de facteurs de stress quotidiens déclarés au départ n'est pas prédictif du diagnostic de troubles mentaux sévères 10 ans plus tard.
Les chercheurs concluent que l'humeur négative en réponse à des événements apparemment mineurs de la vie quotidienne ont des implications à long terme pour la santé mentale et peuvent même prédire le développement de troubles mentaux sévères une décennie plus tard.
Source: Psychological Science doi: 10.1177/0956797612462222 online April 4 2013
The Wear and Tear of Daily Stressors on Mental Health.
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