Le harcèlement est devenu une méthode de management, isoler les individus, supprimer leurs repères, enlever leurs habitudes pour pouvoir ensuite les re- formater aux nouvelles méthodes de l'entreprise. Un système où les salariés deviennent des collaborateurs, où la fraude des mots manipule l'inconscient des travailleurs. C'est l'ère de la communication instantanée, avec bien sur des mails froids, impersonnels et d'où toute politesse a disparu. Ce système de communication dans l'urgence oblige le personnel à être plus réactif, à poser moins de questions, cour-circuite souvent les cadres intermédiaires.

harcèlement
La restructuration des services par la mise en compétition et la concurrence des salariés permet sous couvert d'une pseudo convivialité, de supprimer les poses à la machine à café, ou les bavardages à la photocopieuse. Notre taux de productivité est l'un des meilleurs au monde, mais cela ne suffit pas aux actionnaires. Il faut que l'on produise à 100%, finies les petites coupures qui permettaient de décompresser. Lorsque le salarié arrive à saturation, la dépression le guette, allant parfois jusqu'au suicide ! Si avant de se suicider, le salarié suicidait d'abord deux ou trois personnes de sa direction, le problème serait pris beaucoup plus au sérieux. Mais tant que ce ne sont que les sans grades qui meurent...

Dans les écoles de commerce, les cours de management portent sur les techniques relationnelles. Et parmi ces techniques il est courant de retrouver des techniques d'isolement, de persécution ou même punitives. Chaque salarié a besoin de reconnaissance, de sécurité et de communication, ainsi que de comprendre ce qu'il fait. A la place de cela, tout est mis en place pour lui faire perdre sa dignité et le placer dans l'insécurité de l'avenir par un chantage permanent. Il faut être le meilleur à son poste sinon ... Dans un tel contexte, des petits chefs sans envergure peuvent faire ressortir leurs plus mauvais instincts avant d'être eux même broyés par le système.

Lors de restructurations les cabinets conseil ou d'audit préviennent qu'il ne faut pas surestimer la phase de révolte du salarié, qu'après une période de dépression et d'absence d'enthousiasme, le salarié acceptera le changement. Ceux qui ne rentrent pas dans le moule et qui risquent de contaminer leurs collègues feront l'objet de traitement particulier, les techniques d'isolement, de persécution, et punitives seront largement utilisées.

Les entreprises sont de plus en plus des zones de non droit, la destruction du code du travail et la dégradation des conditions de travail précarisent les salariés et les soumettent à une pression continuelle. Ce que nous n'accepterions pas dans la vie de tous les jours nous le supportons au travail. Nous nous vendons jour après jour pour un salaire qui nous permet parfois juste de survivre, dans des conditions humaines souvent déplorables. Sans salarié, aucune entreprise ne peut fonctionner, alors que des entreprises fonctionnent sans patron, les coopératives ouvrières, les scoops et les différentes expériences d'autogestion le prouvent. Il nous manque la volonté et l'audace, ils pensent nous avoir définitivement domestiqués ! Pour cela ils nous endettent, nous abrutissent avec leur télé et leurs émissions débilisantes et nous parlent sans cesse d'insécurité !

Un autre monde est possible !

« Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaines. » Rosa Luxembourg