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Août 2005, funérailles des sœurs Hazar et Dina Turki, tuées par un soldat israélien qui a ouvert le feu dans un bus (Pavel Wolberg / EPA/Newscom)
Traduction : Info-Palestine.eu - Fadhma Nsoumer

Sept palestiniens de Shefa Amr, une ville de Galilée, attendent anxieusement le verdict d'un procès dont ils ne voient plus la fin. Ces hommes sont poursuivis pour la mort en 2005 d'un soldat israélien auteur d'un massacre, dans cette région. Les sept hommes craignent d'être reconnus coupables d'assassinat à cause d'un acte d'auto-défense.


Le 4 août 2005, Eden Natan Zada, vêtu de l'uniforme militaire, est monté dans un bus au départ de Haifa et se dirigeant vers Shefa Amr. Lorsque le bus atteignit Marashan à l'entrée de Shefa Amr, Zada s'est alors dirigé vers l'avant, demandant à descendre. Une fois la porte du bus ouverte, il tira sur le chauffeur, Michel Bahouth, avant d'ouvrir le feu sur les passagers. En plus de Bahouth, Zada tua 2 sœurs âgées d'une vingtaine d'années à peine, Hazar et Dina Turki, et il tua également un homme du quartier, Nader Hayek.

Zada a été tué à son tour par la foule, l'empêchant ainsi de massacrer d'autres personnes ; en effet, quelques minutes après le massacre, des centaines d'habitants du quartier en colère ont entouré le bus, la police de l'occupation n'a pu récupérer le corps de Zada qu'après quatre heures de temps.

Ariel Sharon, premier ministre de l'entité sioniste à cette époque, avait condamné le massacre perpétré par Zada, en parlant d'« un acte vile contre des civils innocents » (cf. « Vile act by terrorist », Ynet, 4 août 2005). Toutefois, les autorités de l'occupation ont rapidement lancé une procédure pénale contre les personnes soupçonnées d'avoir tué Zada. Les suspects ont été identifiés à partir d'enregistrements vidéos du drame.

« Une accusation que nous rejetons »

Près de 8 ans plus tard, le procès atteint son terme. Les résumés des audiences ont été transmis par le ministère public et les avocats. Le verdict devrait être prononcé bientôt.

Jamil Safuri, membre du parti politique Abnaa-Al-Balad fait partie des sept accusés. Safuri est catégorique quant au fait que Zada était déjà déjà mort quand il est arrivé sur les lieux. Il y a fortement à craindre que l'occupation veuille le mettre derrière les barreaux en raison de son militantisme.

Safuri a déclaré à « The electronic Intifada » que « ce n'était pas facile de se réveiller un beau jour et de se voir accusé de meurtre ». « C'est une accusation que nous refusons ».

Daoud Nafaa, un des avocats des accusés, est convaincu pour sa part de l'injustice du procès. Il a déclaré que « l'objectif principal de ce procès est de transformer l'oppresseur en victime et la victime en oppresseur ». « l'État israélien veut que les Palestiniens de l'intérieur capitulent face à l'oppression dont ils sont l'objet ». Les Palestiniens constituent environ un cinquième de la population israélienne.

Safuri a déclaré : le procès a « ravagé toutes nos vies ». Avec 2 ou 3 audiences par semaine, il est extrêmement difficile de respecter ses engagements professionnels. Un des accusés, Basil Khatib, a perdu son emploi. Les sept autres se sont mariés et ont formé des familles depuis le début du procès. Basil Khatib, par exemple, est le père d'une toute petite fille. Ce procès a également causé des soucis financiers à ces hommes ainsi qu'à leurs proches.

« Absence de justice »

De nombreux citoyens palestiniens de l'intérieur se sont empressé de démontrer leur solidarité avec les sept hommes. Le Haut Comité de Suivi des citoyens arabes d'Israël a décidé de lancer un appel à la grève si les sept hommes sont condamnés et emprisonnés. Le comité a annoncé dans une récente déclaration que ce procès prouve que les palestiniens sous l'occupation, font face à « une absence de justice » dans un État raciste.

La semaine dernière le cinéaste Nidal Barani avait organisé une projection de son documentaire « Un 30 Mars à Haïfa » afin de lever des fonds pour aider les sept accusés. Le documentaire présente des interviews réalisées avec les témoins de la manifestation « la journée de la terre » de 1976, durant laquelle 6 palestiniens de l'intérieur ont été abattus par les militaires et la police de l'occupant. « Ces témoins oculaires ont versé leurs larmes avec nous, en se remémorant ce qu'ils ont subi en 1976 » a dit Barani. « Cette souffrance doit rester gravée dans notre mémoire avec d'autres événements importants tel que le massacre de Shefa Amr. »

* Sawsan Khalife' est une militante et journaliste qui vit à Shefa Amr dans la région de Galilée en Palestine occupée