Cette nuit, des députés UMP se sont précipités vers les bancs du gouvernement. Des huissiers et le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, se sont interposés. Claude Bartolone , qui préside l'Assemblée nationale va demander des sanctions.


Les députés français ont achevé vendredi matin, à l'issue d'une nuit blanche et mouvementée, l'examen en seconde lecture du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. L'opposition -l'UMP notamment-, qui a d'ores et déjà annoncé qu'elle saisirait le Conseil constitutionnel, a tenté de radicaliser le débat en multipliant les amendements -3.200-, les propos musclés voire certains dérapages.

La manifestation parisienne aux abords de l'Assemblée a de nouveau été marquée jeudi soir, comme mercredi, par des incidents. 70 à 80 personnes ont été interpellées à la fin de cette manifestation qui avait réuni dans le calme des milliers de manifestants anti-mariage.

Les allers-retours de députés UMP entre l'extérieur et l'intérieur du Palais-Bourbon dans la soirée ont nourri et fait déraper les débats dans la nuit. Alors que des députés UMP demandaient des comptes au gouvernement sur l'action de la police face aux manifestants, s'est produit une scène digne du « Parlement russe » selon les mots du président de la commission des Lois Jean-Jacques Urvoas (PS).

Des dérapages qui conduisent ce vendredi matin Claude Bartolone,a demander à ce que le bureau de l'Assemblée nationale qu'il préside, prenne des sanctions contre les députés qui ont failli en venir aux mains dans la nuit. « Je présenterai les images de cet incident à la prochaine réunion du bureau (de l'Assemblée, ndlr) et je demanderai qu'il puisse y avoir des sanctions car il y a des choses qui ne peuvent pas être acceptées », a dit à la presse le président de l'Assemblée nationale à l'issue d'une nuit de discussions.

Dans la confusion la plus totale, et sous le regard interloqué des journalistes en tribune de presse, ces députés, excédés par une mimique d'un collaborateur du ministre de la Justice --ce qu'ils ont expliqué ensuite --se sont précipités au bas de l'hémicycle. Aux cris de « dehors, dehors », ils se sont approché des bancs du gouvernement. Des huissiers et le ministre chargé des Relations avec le Parlement Alain Vidalies se sont interposés pendant plusieurs minutes.


« Ca fait trente ans que je siège dans cet hémicycle je n'ai jamais vu cela », a réagi M. Vidalies, tandis que le président de l'Assemblée Claude Bartolone (PS) a condamné cette « descente avec menace physique ». « Des coups de poings sont partis », a affirmé Bernard Roman (PS). Une huissière a reçu un coup, selon des sources parlementaires.

Après cet incident pour le moins surréaliste, M. Vidalies a fait un compte-rendu de la manifestation aux députés, évoquant des « groupuscules d'extrême droite » et expliqué que « la police était intervenue à la demande des responsables de la manifestation ».

L'Assemblée se prononcera mardi par un vote solennel sur l'ensemble de ce texte tel qu'il a été adopté vendredi dernier au Sénat. Le projet de loi présenté par Christiane Taubira, la ministre de la Justice, sera alors considéré comme définitivement adopté.