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Les nourrissons ont une conscience de leur environnement similaire aux adultes dès l'âge de cinq mois, révèle une recherche européenne publiée jeudi 18 avril à laquelle ont participé des chercheurs du CNRS.

Pour détecter cet état de conscience les chercheurs ont observé l'activité neuronale de 80 bébés âgés respectivement de cinq, douze et quinze mois à l'aide d'un électro-encéphalogramme qui mesurait le temps des réponses électriques de leur cerveau alors qu'on leur montrait des images de visages plus ou moins longuement.

Réaction en deux temps

Chez les adultes, de récentes recherches ont montré que le cerveau réagit en deux temps à la perception d'un événement extérieur, expliquent les auteurs de cette étude parue dans la revue américaine Science datée du 19 avril.

Durant les premières 200 à 300 millisecondes, la réaction est totalement non-consciente et s'accompagne d'une activité neuronale qui s'accroît de manière constante selon la durée de présentation des objets perçus.

Dans une seconde étape plus tardive, après 300 millisecondes, commence alors la réponse consciente, indique une signature électrique spécifique du cerveau.

Seules des durées de présentation assez longues des images permettent d'atteindre ce seuil de réaction électrique considérée comme un marqueur neuronal de la conscience.

Pour tous les groupes d'âge des nourrissons, les chercheurs ont observé la même réponse tardive que chez les adultes, confirmant "la signature neuronale de l'état de conscience". Toutefois, chez les bébés, cette réponse est beaucoup plus tardive, ne se manifestant qu'après au moins une seconde chez les enfants les plus jeunes.

Une avancée pour les personnes malades ou accidentées?

Selon ces chercheurs, ces résultats révèlent que les mécanismes cérébraux de la conscience de perception sont présents très tôt chez les nourrissons mais que ceux-ci sont relativement lents. Cette réaction consciente s'accélère ensuite progressivement dans le cours de leur développement.

Ces travaux offrent également un marqueur potentiel pour évaluer la capacité de perception de personnes malades ou accidentées incapables de communiquer verbalement.

Enfin, les résultats de cette recherche pourraient aider les médecins à mieux comprendre la perception de la douleur et les effets de l'anesthésie chez les bébés qui sont dans les deux cas encore mal cernés, expliquent ces chercheurs.

Cette recherche a notamment été menée par des chercheurs du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistiques à Paris.