Une augmentation de la quantité de carbone 14 dans l'atmosphère de la Terre, de l'an 774 à 775, a été interprétée comme la trace laissée par un sursaut gamma ayant épargné notre biosphère. Un groupe de physiciens a réintroduit dans le débat une autre hypothèse qui avait été écartée : une forte éruption solaire provoquant sur notre planète une tempête de protons.

Une image d'artiste montrant une éruption solaire et les lignes de champs magnétiques des magnétosphères de la Terre et du Soleil.
© NasaUne image d'artiste montrant une éruption solaire et les lignes de champs magnétiques des magnétosphères de la Terre et du Soleil.
En 2012, un groupe de chercheurs japonais avait annoncé, dans une publication du journal Nature, la découverte dans les cernes de croissance de cèdres du Japon d'une augmentation spectaculaire du taux de carbone 14 de 774 à 775 après J.-C. Cet isotope du carbone provenant du bombardement des rayons cosmiques sur les noyaux atomiques à la frontière de l'atmosphère, diverses explications astrophysiques avaient été avancées.

La première faisait logiquement intervenir une éruption solaire de forte intensité. Mais les estimations de l'énergie nécessaire pour produire un tel effet impliquaient une colère du Soleil si exceptionnelle que son occurrence semblait peu crédible.

La seconde faisait intervenir une supernova proche. Mais il restait alors à expliquer pourquoi aucune trace de cette explosion stellaire n'avait été observée sur la voûte céleste par les astronomes chinois et japonais, alors qu'ils avaient scrupuleusement noté dans leurs archives celle de 1054 à l'origine du pulsar du Crabe.

Des photons gamma ou des protons ?

Début 2013, deux chercheurs de l'Institut d'astrophysique de l'université allemande d'Iéna ont proposé un scénario séduisant, mais qui, rétrospectivement, fait froid dans le dos. Les rayons cosmiques qui ont frappé la Terre au VIIIe siècle auraient été des photons émis par un sursaut gamma court survenu au sein de la Voie lactée. En effet, ce phénomène ne dure que quelques secondes et n'est pas associé à une explosion d'étoile : il est donc invisible sur la voûte céleste.

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Un groupe d'astrophysiciens américains n'a pas tardé à publier un article sur arxiv, dans lequel il s'oppose à cette hypothèse du sursaut gamma. Le premier argument étant qu'un tel événement ne devrait se produire que tous les 10 millions d'années dans notre galaxie. Surtout, les chercheurs ont refait les calculs concernant l'impact d'une éruption solaire de très forte intensité avec une tempête de protons (Solar Proton Events ou SPE en anglais).

Un événement Charlemagne tous les 1 000 ans ?

Ces scientifiques se sont basés sur d'autres modèles d'analyse et, selon eux, pour expliquer une telle augmentation du carbone 14, il n'est pas nécessaire de recourir à un spectre d'énergie des protons d'un SPE qui impliquerait une colère du Soleil des milliers de fois plus forte que toutes celles que l'on connaît. En fait, une éruption solaire sept fois plus forte que celle, record, survenue en octobre 1989, ferait l'affaire. De plus, elle n'entamerait pas le bouclier d'ozone protecteur de la Terre de façon critique, ce qui expliquerait l'absence de traces d'extinctions d'espèces vivantes.

En revanche, si une telle éruption devait se produire de nos jours, elle ne conduirait certes pas à un niveau dommageable de rayons ultraviolets, mais elle affecterait certainement de façon grave notre civilisation technologique, via les satellites par exemple. Selon les chercheurs, il y aurait tout de même un risque que l'on se trouve bientôt confrontés à un nouvel accident de ce genre. Appelé par certains « événement Charlemagne », ce phénomène surviendrait en effet tous les mille ans environ.

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