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Dans le cadre d'une expérience, les souris les plus aventureuses développaient plus de neurones que les autres
Bonne nouvelle pour Indiana Jones. Explorer activement son environnement et accumuler différentes expériences vécues dope le cerveau qui en réponse génère plus de neurones a révélé jeudi 9 mai, une étude qui donne un nouvel éclairage sur la manière dont les structures cérébrales façonnent la personnalité de chacun.

Ces scientifiques de l'Institut Plank à Berlin et du Centre de thérapie régénérative de Dresde, en Allemagne, ont cherché à établir le lien entre les expériences vécues et le développement cérébral, tentant ainsi de savoir pourquoi par exemple des jumeaux génétiquement identiques et élevés ensemble n'ont pas des personnalités semblables.

La preuve par les souris

Pour cela ils ont observé quarante souris génétiquement identiques qu'ils ont enfermées pendant trois mois dans un enclos offrant une grande variété d'activités et de possibilités d'exploration. "Ces animaux non seulement étaient génétiquement semblables mais ils vivaient aussi dans le même environnement", précise Gerd Kempermann, professeur de génomique régénérative à l'Université Technische à Dresde, l'un des principaux co-auteurs de ces travaux parus dans la revue américaine Science datée du 10 mai.

"Toutefois cet environnement était si riche que chacune de ces souris a pu y acquérir ses propres expériences et après un certain temps elles ont développé de plus en plus de comportements différents dans leurs activités", poursuit-il. "Et ces différences étaient liées à l'apparition de nouveaux neurones, des cellules nerveuses cérébrales, dans l'hippocampe, région du cerveau centrale dans la capacité d'apprendre et la mémoire", explique le professeur Kempermann.

"Le cerveau des souris les plus aventureuses qui exploraient plus leur environnement produisait davantage de nouveaux neurones que celles qui étaient plus passives", dit-il.

Nouveaux neurones

Un autre groupe de souris avait également été enfermé dans un environnement ennuyeux, sans attrait particulier. En moyenne, chez ces animaux, leur hippocampe produisait moins de nouveaux neurones comparativement aux souris qui vivaient dans l'autre enclos.

Chaque rongeur portait une micro-puce électronique émettant des signaux électromagnétiques permettant aux chercheurs de reconstituer leurs moindres mouvements et d'évaluer leur comportement exploratoire.

Malgré le fait de partager le même environnement et d'être génétiquement identiques, ces souris avaient des traits de comportements très différents, avec une manière très spécifique à chacune d'entre elles de réagir à ce qui les entouraient, soulignent les chercheurs.

Et ces différences de personnalité se sont accrues dans le cours de l'expérience.

Des souris... et des hommes

"La neurogenèse, production de nouveaux neurones par le cerveau, se produit aussi dans l'hippocampe des humains adultes", souligne le professeur Kempermann. Selon lui cette expérience sur les souris "pourrait avoir mis en lumière le fondement neurobiologique de la personnalité qui s'applique aussi aux humains."

"Les résultats de notre recherche montrent que la neurogenèse contribue elle-même au comportement et agit sur la manière dont vieillit le cerveau humain", juge Ulman Lindenberger, professeur de psychologie à l'Institut Plank. "Cela laisse penser aussi qu'un environnement riche et stimulant dope le développement de l'individu et de son caractère unique", relève-t-il.

De précédentes recherches ont révélé que l'exercice physique peut renforcer et accélérer la neurogenèse ainsi que la sociabilité. En revanche, le stress, l'abus d'alcool et une alimentation riche en graisses saturées et en sucre nuisent à ce phénomène.