Ce matin, l'Inserm rend publique son «expertise collective pesticides : effets sur la santé». Une revue critique de la littérature scientifique sur ce sujet polémique : quels risques pour la santé humaine représentent les produits dits «phytosanitaires» - insecticides, herbicides et fongicides - massivement utilisés en agriculture depuis un demi-siècle ?
Massif, l'usage des pesticides l'est : environ 36 000 tonnes de fongicides, 26 000 d'herbicides, 2.000 d'insecticides par an en France. Des chiffres qui ne sont vraiment qu'indicatifs, car ce qui compte c'est le tonnage de substances actives. Ainsi, le tonnage d'insecticides a chuté de 11.000 à 3.000 tonnes entre 1990 et aujourd'hui, mais cela ne représente pas une chute de 70% des molécules insecticides répandues. En outre, un part importante, environ 20% du tonnage, est utilisée sur les vignes qui ne font que 3% des surfaces, mais il s'agit surtout de soufre.
En tous cas, on compte 309 substances actives autorisées en 2012. Il y en a partout : notamment dans 90% des cours d'eau et 60% des eaux souterraines contrôlées. Mais les pesticides retrouvés dans l'environnement sont aussi ceux qui sont interdits, certains depuis longtemps, en raison de leur persistance, comme l'atrazine. La plupart de ces produits sont toxiques à forte doses, puisque leur objectif est de détruire des organismes vivants (insecte, végétal, champignons). Cette toxicité peut concerner l'homme en raison des mécanismes moléculaires que nous avons en communs avec ces cibles. Il faut donc de grandes précautions d'usage et de manipulation pour éviter toute forte doses, en particulier pour les groupes professionnels très exposés, agriculteurs, ouvriers des entreprises fabricantes, jardiniers, etc;. Mais, en outre, certaines molécules peuvent aussi avoir des effets à faibles ou très faibles dose, à l'image des
perturbateurs endocriniens (
lire cette note sur ce sujet). Or, les molécules ou leurs métabolites peuvent persister longtemps dans l'environnement.
Cette ubiquité dans l'environnement explique une
étude récente (Inserm et Inra), à laquelle participe le laboratoire Toxalim de Toulouse, sur des femmes enceintes en Bretagne. L'étude montre que plus ces femmes vivent proches des zones céréalières, plus elles sont contaminées par des pesticides qui ont modifié leur physiologie. L'article a été publié dans
PLOS One, ici, par Nathalie Bonvallot
et al. dans le cadre du programme de recherche PELAGIE Perturbateurs Endocriniens Etude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l'Infertilité et l'Enfance) conduit depuis 2002 en Bretagne.
Certes, ont été interdites depuis trente ans nombre de substances (DDT, lindane, chlordécone...) dont l'épidémiologie a montré la
«présomption de liens fort» avec certains cancers, ou atteintes au développement de l'enfant. Mais l'expertise colllective montre que, pour des substances autorisées, l'épidémiologie débouche sur
«une présomption moyenne» de liens entre l'exposition d'agriculteurs ou d'ouvriers les manipulant et des maladies. Comme entre chlorpyrifos (insecticides) et leucémie ou développement cérébral. Ou le fongicide Manèbe et la leucémie, Le glyphosate et le LNH (lymphome non hodgkinien, un cancer non spécifique d'un organe). Si présomption ne vaut pas culpabilité démontrée, elle exige précaution affirme l'un des auteurs,
Luc Multigner, qui a étudié les effets de la chlordécone aux Antilles jugée responsable de cancers de la prostate et qui sera un problème durant longtemps:
«l'étude montre la nécessité de protéger particulièrement les femmes enceintes et les enfants et de cibler des priorités dans les pesticides dont il faut se méfier».
Outre cette démarche de précaution, les experts réclament de nouvelles études et surveillance de ces risques sanitaires et la transparence quant à la composition exacte des produits. Ils demandent
«la création d'une base de données [...] comportant les compositions intégrales des produits commerciaux, substances actives et adjuvants». Puisqu'il s'agit de santé publique, le secret industriel ne peut se justifier.
► La synthèse du rapport de l'Inserm
est téléchargeable ici sur son site web
► Le dossier de presse de l'Inserm
est ici.
cela je les empêchent même pas de dormir!!!!
une démarche de précaution, de nouvelles études et une surveillance des risques sanitaires ......avec des résultats dans 50 ans peut-être,
alors que c'est déjà trop tard ! on croit rêver, la planète est totalement pollué, les peuples indigènes meurent partout dans le monde, nous aussi entre les cancers et les problèmes thyroïdiens entre autres ...... et tous cela à cause de l'avidité des multinationales de produits chimiques, des paysans qui sont aveugles, abrutis ou cupides....on ne sais plus quoi penser, c'est un cauchemar!!!
c'est pas des études qu'il faut faire c'est arrêter toutes ces saletés, y compris Mosanto et compagnie.... et revenir à une agriculture plus respectueuse de la nature je n'ose même pas dire bio, parce que c'est également une supercherie ( surtout pour les produits vendus en grande surface) désolée pour les petits producteurs bio qui essaient de faire de leur mieux, et je conçois que c'est pas facile quand la majorité des semences sont génétiquement modifiées.
ce soir, je n'arrive même plus à rester zen et prendre les choses avec philosophie, c'est affligeant!!!!!!