En plus d'une horloge biologique circadienne contrôlant des rythmes de veille et de sommeil d'une durée d'environ 24 heures, nous pourrions disposer d'une horloge biologique circalunaire, suggère une étude publiée dans la revue Current Biology.

Dans une étude menée par le chronobiologiste Christian Cajochen à l'Hôpital psychiatrique de l'Université de Bâle (Suisse) et ses collègues, le sommeil de participants semblait influencé par le cycle de la lune.

Il s'agit de la première étude à montrer un possible influence des phases de la lune (qui s'étalent sur 29,5 jours) sur un comportement ou la physiologie humaine.

Entre 2000 et 2003, les chercheurs ont recueilli, pendant 64 nuits, des données détaillées sur le sommeil de 33 personnes qui participaient à une étude sur les effets du vieillissement sur le sommeil. Le niveau de profondeur et la durée du sommeil étaient enregistrés ainsi que les niveaux de certaines hormones dans un laboratoire sans fenêtres.

Des années plus tard, les chercheurs ont eu l'idée d'analyser leurs données pour vérifier la présence de liens entre le sommeil et les cycles de la lune.

Un lien frappant a été constaté. Dans les quelques jours entourant la pleine lune, les participants prenaient en moyenne 5 minutes de plus à s'endormir, dormaient 20 minutes de moins et avaient un sommeil 30% moins profond. Les niveaux de l'hormone mélatonine, dite "hormone du sommeil", étaient beaucoup plus faibles et le pic de production, qui se situe normalement entre 9 PM et minuit était retardé de 50 minutes. Les participants rapportaient aussi un moins bon sommeil.

Ces derniers ne pouvant voir la lumière de la lune, l'effet n'était pas produit par cette dernière, note Cajochen. Il est probablement maintenu par des hormones internes, tout comme les cycles circadiens de 24 heures qui persistent même en l'absence de lumière ou d'obscurité, spécule-t-il.

La lumière pourrait être importante pour synchroniser cette horloge biologique avec les stimulis environnementaux, explique-t-il, et l'horloge se maintiendrait ensuite indépendamment de la lumière.

D'un point de vue évolutionniste, les premiers humains pourraient avoir été programmés pour dormir légèrement pendant la pleine lune, alors qu'il y a plus de lumière et que les prédateurs représentent un danger potentiel plus grand. Aujourd'hui, l'emprise de la lune sur nous est masquée par l'influence de l'éclairage électrique et d'autres aspects de la vie moderne.

Il serait intéressant, soulignent les chercheurs, d'identifier la localisation anatomique de l'horloge circalunaire et ses fondements moléculaires et neuronaux. Il pourrait aussi s'avérer, disent-ils, que la lune exerce une influence sur d'autres aspects du comportement humain, tels que les performances cognitives et les humeurs.

Sources: AAAS, Current Biology, Elsevier Connect.