Traduction : SOTT

meditation
J'aime méditer. La méditation me met à l'aise et je suis convaincu que la sensation de calme qu'elle procure m'aide à traiter les challenges quotidiens de ma vie. Bien entendu, il y a des moments où je ne poursuis pas ma pratique quotidienne tranquillement assis pendant 10 à 15 minutes, mais ce sont des moments de ma vie où j'ai davantage de stress.

Le stress affecte tout le monde. Je ne connais pas une seule personne qui ne soit pas stressée. Mais malheureusement, il joue un rôle majeur dans la maladie. Selon les « Centers of Disease Control and Prevention » (centres de contrôle de la maladie et de la prévention), en fait, jusqu'à 90 % des consultations aux États-Unis peuvent être liées au stress. La méditation est un antidote au stress, juste comme l'aspirine peut soulager un mal de tête. Une pratique régulière peut être une stimulation majeure vers la santé.

Elle calme le système nerveux. Elle est bonne pour le système immunitaire. Elle est aussi bonne pour le cœur ; elle aide à produire de l'oxyde nitrique NO (pas le protoxyde d'azote N2O - c'est le gaz hilarant) dans les artères, ce qui les dilate et réduit la pression artérielle. Elle régule aussi les rythmes cardiaques.

Mais grâce à une explosion de la recherche sur le cerveau, nous savons maintenant qu'elle a un impact physique sur notre matière grise.

Une étude pour le démontrer a été dirigée par des scientifiques au Centre de Neuroscience du fonctionnement intégratif de l'Université Aarhus au Danemark. En comparant des scans IRM du cerveau de personnes qui méditent avec ceux de cerveaux de personnes qui ne méditent pas, ils ont montré que la méditation provoque des changements physiques réels dans la matière grise du pédoncule cérébral inférieur. La méditation fait croître la matière grise.

Dans une autre étude, les scientifiques Giuseppe Pagoni et Milos Cekic, du département de Psychiatrie et de Sciences comportementales de l'Université Emory à Atlanta, ont comparé le volume de matière grise dans le cerveau de personnes effectuant des méditations Zen avec un autre groupe qui ne méditait pas.

Le volume de notre matière grise diminue normalement avec l'âge et c'est ce que les scientifiques ont trouvé dans le groupe de ceux qui ne méditent pas. Mais pour ceux qui méditent, leur matière grise n'avait pas du tout diminué avec l'âge. Selon les scientifiques, la méditation avait un effet « neuroprotecteur » sur ceux qui méditent : elle protège le cerveau de certains effets du vieillissement.

Cela fait écho à une certaine recherche de Harvard en 2008 qui a analysé les gènes de personnes qui méditent par rapport à celles qui ne méditent pas. Ce fut la première étude de ce genre à mesurer l'impact génétique de la méditation et elle a trouvé que 2 209 gènes étaient activés différemment chez ceux qui pratiquaient la méditation depuis longtemps comparé à ceux qui ne la pratiquaient pas. Et même en regardant les novices, ils ont trouvé que 1 561 gènes étaient affectés après seulement huit semaines de pratique de la méditation. Ils ont conclu que les effets génétiques de la méditation peuvent avoir des conséquences physiologiques à long terme, dont l'un était un ralentissement de la vitesse de vieillissement.

Nous avons tous entendu les histoires de gens extrêmement stressés dont les cheveux virent au blanc en quelques semaines. Nous savons que le stress peut accélérer le vieillissement. Donc pourquoi cela devrait-il être surprenant pour nous qu'une technique pour combattre le stress soit capable de ralentir le vieillissement ?

Ils y de nombreuses formes de méditation différentes. Une étude de l'Hôpital général du Massachusetts a examiné l'impact de la méditation bouddhiste vipassana bhavana1 sur le cerveau. La méditation vipassana bhavana est une technique de déplacement de notre attention sur le corps ou de concentration sur notre respiration. L'étude a trouvé qu'elle provoque une augmentation de l'épaisseur du cortex préfrontal dans le cerveau, la partie juste au-dessus des yeux associée à l'attention.

Plusieurs zones du cerveau sont actives lorsque nous méditons, mais de façon plus prononcé dans le cortex préfrontal parce que, lorsque nous méditons, nous concentrons notre attention sur quelque chose - que ce soit notre corps, notre respiration, un mot, une bougie ou même un idéal spirituel. Lorsque cette zone est active, juste comme un muscle en exercice, elle croît.

Les neuroscientifiques utilisent cette analogie pour décrire la façon dont les changements s'opèrent dans le cerveau. Lorsque nous exerçons un muscle, il devient plus gros et plus dense avec de la masse musculaire. De manière similaire, lorsque nous exerçons une partie du cerveau, ce que nous faisons lorsque nous méditions, elle devient plus grande et plus dense avec de la masse neurale - de la matière grise. Le phénomène est connu comme la neuroplasticité et décrit comment le cerveau change réellement tout au long de la vie.

Lorsque j'étais à l'université, j'ai appris que le cerveau est câblé une fois que nous avons atteint le début de l'âge adulte. L'analogie utilisée est que lorsque nous sommes jeunes, le cerveau est un peu comme de la pâte, qui peut être pétrie sous différentes formes, mais lorsque nous atteignons le début de l'âge adulte nous mettons la pâte dans le four et elle en ressort avec une croûte de pain sur le dessus. Le cerveau est alors 'câblé', nous enseigne-t-on.

Mais cette analogie a été abandonnée depuis. Nous savons maintenant que nous ne mettons jamais la pâte dans le four. Notre matière grise change constamment avec nos expériences ; à mesure que nous apprenons, marchons, courrons, dansons, et lorsque nous nous concentrons, comme nous faisons lorsque nous méditons.

Notre matière grise change jusqu'aux dernières secondes de notre vie. Elle croît même lors de notre dernier souffle.

Références :

Pour l'étude où la méditation a provoqué des changements dans la matière grise du pédoncule cérébral inférieur, voir : P. Vestergaard-Poulsen, M. van Beek, J. Skewes, C. R. Bjarkam, M. Stubberup, J. Bertelsen, and A. Roepstorff, 'Long-Term Meditation is Associated with Increased Gray Matter Density in the Brain Stem', Neuroreport, 2009, 20(2), 170-174. Lien vers l'article.

Pour l'étude où la méditation Zen a eu un impact sur la matière grise, voir : G. Pagoni and M. Cekic, 'Age Effects on Gray Matter Volume and Attentional Performance in Zen Meditation', Neurobiology of Aging, 2007, 28(10), 1623-1627. Lien vers l'article.

Pour l'étude où la méditation a produit des effets au niveau génétique, voir : J. A. Dusek, H. H. Otu, A. L. Wohnhueter, M. Bhasin, L. F. Zerbini, M. G., Joseph, H. Benson, and T. A. Liberman, 'Genomic Counter-Stress Changes Induced by the Relaxation Response', PLoS ONE, 2008, 3(7), e2576, 1-8. Lien vers l'article.

Pour l'effet de la méditation bouddhiste vipassana bhavana sur le cortex préfrontal, voir : S. W. Lazar, C. A. Kerr, R. H. Wasserman, J. R. Craig, D. N. Greve, M. T. Treadway, M. McGarvey, B. T. Quinn, J. A. Dusek, H. Benson, S. L. Rauch, C. I. Moore, and B. Fischi, 'Meditation Experience is Associated with Increased Cortical Thickness', Neuroreport, 2005, 16(17), 1893-1897. Lien vers l'article.

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Vipassana_bhavana - NdT