Attention à une alimentation trop sucrée. Une part de sucre représentant un quart de la ration énergétique journalière s'avère toxique chez les souris, selon une étude américaine qui pointe à nouveau les dangers de l'abus des sucres ajoutés dans l'alimentation.

Des chercheurs de l'université d'Utah (États-Unis) ont soumis des souris à un régime comportant un ajout de sucre représentant 25% de l'apport total calorique quotidien, à l'aide d'une mixture imitant le sirop de glucose-fructose (répartis à 50-50) très répandu dans l'alimentation industrielle (biscuits, pains, plats préparés...).

Ce régime, expliquent-ils, est l'équivalent chez l'Homme d'une nourriture équilibrée en terme de calories, mais dont un quart provient de sucres ajoutés. Ceci représente par exemple "trois canettes de soda (de 354 ml chacune) par jour", soit une dose de sucre ajouté couramment avalée par 13 à 25% des Américains.

Gare au sucre

Résultats : un doublement de la mortalité chez les rongeurs femelles et une reproduction réduite d'un quart chez les mâles. Ces derniers contrôlant de surcroît 26% de territoire en moins, comparés à leurs congénères non soumis à ce régime. "Nos résultats apportent une preuve que les sucres ajoutés à des concentrations actuellement considérées comme sûres ont des répercussions dommageables importantes sur la santé des mammifères", estiment les chercheurs.

Ils se réfèrent à une norme de l'Institut de Médecine américain recommandant de limiter les "sucres ajoutés" à un quart de la ration énergétique totale. L'OMS conseille une limite à 10%. "Même si les souris ne deviennent pas obèses et n'ont que peu de symptômes métaboliques, le test effectué montre qu'elles meurent plus souvent prématurément et tendent à avoir moins de bébés (souriceaux)", selon James Ruff co-auteur de ce travail, publié mardi par la revue "Nature Communications".

Quels mécanismes ? Cela veut dire que l'absorption de sucre peut avoir des effets indésirables même chez des sujets de poids normal et dont les examens sanguins effectués au cabinet médical sont normaux, avance James Ruff.

Une consommation en hausse chez les Américains

Il s'agit là des niveaux de consommation de sucre les plus bas dont les effets indésirables pour la santé sont montrés dans une étude. Le test a porté sur 156 souris dans un environnement spacieux et plus réaliste (nichoirs...) que des petites cages, afin de permettre une compétition plus naturelle entre rongeurs pour s'accoupler ou dominer un territoire.

Les auteurs reconnaissent toutefois que des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer les mécanismes responsables des changements observés sur la forme physique et la mortalité.

"J'ai réduit ma consommation de sucre raffiné et encouragé ma famille à en faire autant", précise pour sa part le professeur Wayne Potts, dont l'étude a été financée par les Instituts nationaux de la santé américains et la National Science Foundation américaine. Le conseil vise, en particulier, les sucres artificiellement ajoutés (boissons, aliments industriels...) qui ne sont pas nécessaires à l'alimentation et non les sucres naturellement présents dans les fruits (pommes, raisins, etc.) et légumes comme les carottes.

La consommation de sucre des Américains a augmenté de 50% depuis les années 1970, et s'est accompagnée d'une progression spectaculaire de l'obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires, rappellent les chercheurs.