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Le pape Jean Paul II, le grand rabbin d'Israël David Lau et le Cheikh Tayssir Tamimi, imam palestinien, en mars 2000 en Israël. (GABRIEL BOUYS / AFP)
Les personnes religieuses seraient en moyenne moins "intelligentes" que les non-croyants, selon une synthèse d'études sur le sujet réalisée par des chercheurs de l'université de Rochester, dans l'Etat de New York, rapporte The Independent.

L'équipe dirigée par le Pr Miron Zuckerman a entrepris de se plonger dans les conclusions de soixante-trois études menées depuis 1921 aux Etats-Unis. Il ressort de ce travail de synthèse que cinquante-trois d'entre elles arrivent au même résultat : une "relation négative" entre religiosité et intelligence. The Independant relaye cependant certaines critiques adressées à cette étude, comme le fait que la définition retenue de l'intelligence soit purement analytique et positiviste et en néglige certains aspects comme la créativité et l'intelligence émotionnelle.

CAPACITÉ À RAISONNER

L'étude ne dit pas explicitement que la foi rend idiot, mais elle laisse entendre que les personnes les plus brillantes sont plus enclines à se détourner de la religion, et ce des premières années jusqu'aux âges les plus avancés. (On objectera à cette conclusion que nombre de grands scientifiques, fascinés par la beauté et la complexité du monde, finissent par "croire" en quelque chose, sans pour autant embrasser un dogme religieux.) Ni le sexe ni l'éducation n'ont modifié la relation entre religiosité et intelligence, selon les chercheurs.

Une des études citées par le Pr Zuckerman porte sur les croyances de quinze cents enfants surdoués, au QI supérieur à 135, sur la durée d'une vie. Commencée en 1921, cette longue enquête se poursuit toujours. Elle montre que même à un âge très avancé, quand certains individus sont tentés de se tourner vers la religion pour affronter la mort, les sujets étudiés étaient bien moins nombreux à croire que la moyenne nationale.

CONTRÔLE DES CROYANCES

Les trois psychologues travaillant sur cette étude ont défini l'intelligence comme "la capacité à raisonner, à anticiper, à résoudre des problèmes, à penser de façon abstraite, à comprendre des idées complexes, à apprendre rapidement et à tirer des leçons de ses expériences". La religiosité était quant à elle définie par une implication dans tous ou certains aspects de la religion.

L'étude conclut que les explications les plus constantes de la relation négative entre religiosité et intelligence ont un thème commun : l'hypothèse que les croyances religieuses sont irrationnelles, non ancrées dans la science, non vérifiables et de ce fait moins attrayantes pour les personnes "intelligentes", au sens le plus rationnel du terme. Elle suppose aussi que les gens d'une intelligence supérieure obtiennent de meilleurs emplois, de plus hauts salaires, ce qui les incite à avoir une plus haute estime d'eux-mêmes et les encourage à contrôler leurs croyances personnelles et leur pensée.