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Photographie non datée, diffusée par l'armée américaine, montrant Bradley Manning travesti en femme. (AP Photo/U.S. Army, File)
Bradley Manning, après avoir écopé de trente-cinq ans d'emprisonnement mercredi pour espionnage, après avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels de l'armée américaine à Wikileaks, a annoncé, jeudi 22 août, qu'il souhaitait devenir une femme.

Le jeune soldat de 25 ans a publié un communiqué (ci-dessous), diffusé sur la chaîne de télévision NBC, où il déclare, après avoir remercié tous ceux qui l'ont soutenu et encouragé au cours de ces trois dernières années, vouloir entamer un traitement hormonal et s'appeler désormais Chelsea :

"Alors que je tourne la page et entame une nouvelle période de ma vie, je veux que tout le monde sache qui je suis réellement. Je suis Chelsea Manning. Je suis une femme. Considérant la façon dont je me sens, et dont je me suis sentie depuis mon enfance, je veux commencer une thérapie hormonale dès que possible. J'espère que vous me soutiendrez dans cette transition. Je demande aussi qu'à partir d'aujourd'hui, vous vous référiez à moi en utilisant mon nouveau nom et en utilisant le féminin (en dehors des messages officiels liés à ma détention). Je suis impatiente de recevoir vos lettres de soutien et de pouvoir y répondre."

D'après l'AFP, la prison militaire de Fort Leavenworth, où il est incarcéré dans le Kansas, ne fournit pas le traitement hormonal qu'il souhaite suivre. Selon son avocat, David Coombs, Bradley Manning a attendu la fin de son procès pour annoncer cette décision, afin de ne pas en perturber le cours. Mais les troubles de l'identité sexuelle qui le travaillaient depuis son enfance étaient déjà connus de l'armée américaine, comme on peut le voir dans la deuxième partie de ce reportage de la NBC, où on le voit travesti en femme, avec une perruque aux cheveux longs et du rouge à lèvre :



Pendant son procès devant une cour martiale à la mi-août, le jour où il a, pour la première fois, présenté ses excuses et regretté "que ses actes aient blessé des gens et les Etats-Unis", Bradley Manning avait reconnu des "failles et des problèmes" personnels, faisant peut-être allusion à son identité sexuelle, ainsi qu'à une enfance très difficile.

"J'avais d'autres choix, j'aurais dû les utiliser. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière et changer les choses. Je ne peux qu'aller de l'avant. Et je veux aller de l'avant. Une fois que j'aurai payé le prix, j'espère pouvoir vivre d'une manière que je n'ai pas pu adopter par le passé. Je veux être une personne meilleure, aller à l'université, avoir un diplôme et avoir une relation qui ait un sens avec ma sœur, sa famille et ma famille", avait-il déclaré.

La défense avait aussi utilisé cet argument pour expliquer en partie les raisons de son geste, du fait de ses difficultés de relations avec ses collègues et supérieurs, et de son isolement à cause la loi "Don't ask, don't tell", abolie depuis, qui l'interdisait alors de révéler son homosexualité.

Au moment même où il a commencé à collecter les milliers de documents confidentiels pour les remettre à l'organisation de Julian Assange, "il était aux prises avec un conflit intime d'identité sexuelle", avait ainsi indiqué son avocat. Le soldat s'était plaint aussi d'être victime de quolibets à l'armée en raison de son homosexualité.