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Une attaque à l'arme chimique de plus en Syrie. Un massacre de plus. Par qui ? Pourquoi ?

Par qui, tout le monde le sait. Toute élucubration là-dessus ne peut servir qu'à des utilisations de propagande au service du pourquoi. Si au début on pouvait percevoir les raisons qui pouvaient pousser les mercenaires à utiliser les armes chimiques, aujourd'hui, on a du mal à comprendre leurs mises en scène, de plus en plus sophistiquées, par ailleurs. Si on regarde d'un peu plus près les inévitables photos et vidéos, on ne peut qu'être d'accord avec le MAE russe : Il s'agit « d'une provocation planifiée d'avance ». On a l'impression que c'est une crèche ou une école maternelle qui a été visée par le missile. A moins que la rentrée scolaire n'ait été avancée en Syrie, penchons pour la crèche, où presque tous les cadres adultes auraient été épargnés. Ou peut-être un orphelinat, puisqu'aucun parent n'est visible. De plus, les responsables du décor hospitalier manquaient certainement de moyens. Même un hôpital de brousse est mieux équipé que celui des vidéos. Pour le personnel, c'est encore pire. Tout au long des vidéos ci-dessous, l'équipe médicale passe son temps à chercher des voies veineuses, comme si leur travail se résumait à ce seul geste. Un petit massage cardiaque anachronique par-ci, une piqure intramusculaire par-là, et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'images.



A supposer qu'il y ait eu une attaque à l'arme chimique (arme fournie par les sponsors, faut-il le rappeler), il est difficile d'imaginer qu'un groupe de djihadistes se réveille un beau matin et se décide à perpétrer un tel massacre, avec toutes les conséquences internationales que cela représente, Pour ce genre d'actes plus politiques que militaire, la décision ne peut venir que d'en haut, de très haut même. Il suffit de repenser aux mésaventures de l'Emir Hamad Al-Thani pour voir que personne, dans le camp des ennemis de la Syrie, ne peut outrepasser son niveau dans cette partie.

Si la décision vient de si haut, quel peut bien être son objectif ? A ce haut niveau, chaque protagoniste connait parfaitement les positions des autres et ce qui fonde ces postions. Ils savent donc tous que ni les russes, ni les chinois ne changeront leur vote au Conseil de Sécurité de l'ONU à cause d'un scénario cousu de fil blanc. Ce n'est donc pas la recherche de la bénédiction de l'ONU pour une intervention qui a motivé cette attaque.

Il est possible que ce massacre soit destiné à choquer l'opinion publique pour la faire adhérer à une intervention illégale. Mais l'expérience montre que l'opinion publique, contrairement aux apparences et malgré tout ce qu'on en dit, n'a jamais vraiment compté dans ces cas-là. L'opinion publique n'est que l'opinion des médias. Tout l'art est de faire passer les brouhahas médiatiques en pensées populaires. Ca a toujours marché. Il n'était donc pas nécessaire d'utiliser des armes chimiques pour arracher une adhésion de l'opinion à une intervention.

Il se peut également que la ''rébellion'' cherche à torpiller la réunion de Genève 2. Devant la volonté apparente de l'administration Obama de coopérer avec la Russie dans ce sens, le massacre à l'arme chimique est un bon moyen de lier les mains de Washington et de l'empêcher d'entamer des négociations tant que des soupçons persistent sur la possibilité d'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne. Mais là aussi les outils pour bloquer cette rencontre ne manquent pas et sont utilisés depuis des mois.

Il y a également l'arrivée de l'équipe de l'ONU pour enquêter sur les anciennes utilisations d'armes chimiques. Le présent scénario serait alors un moyen pour embrouiller les enquêteurs en essayant de détourner leur attention sur ce nouveau cas.

En matière de tentatives de manipulation de la communauté internationale, la Syrie est un cas. Auparavant, toutes les manipulations avaient plus ou moins réussi et avaient permis de réaliser les objectifs pour lesquels elles étaient conçues, sauf en Syrie. Cette nouvelle tentative n'est peut-être qu'une intensification des moyens de manipulations, les premières n'ayant pas fonctionné. Ou cherche-t-on tout simplement à aggraver la situation pour garantir la continuation du chaos syrien ? Ainsi, malgré les victoires militaires de l'armée syrienne, la situation pourrait bien durer encore des mois. Côté djihadistes, ce n'est pas la main d'œuvre qui manque.

Si, jusqu'à présent, le temps a été l'allié de Bachar Al-Assad, cela pourrait peut-être changer à la longue. Une trop longue guerre n'est jamais bonne pour un pays. Quels que soient les buts cachés derrière les attaques à l'arme chimique, on peut déjà dire que Genève 2 n'est pas pour demain, et que les agresseurs ne sont pas prêts à baisser les bras.