Dévastés par les flammes, des pans entiers de la montagne de Caramulo, dans le centre du Portugal, ont laissé place à un paysage de désolation, de la forêt il ne reste que des troncs d'arbres calcinés. A bout de nerfs, les habitants vivent dans l'angoisse de voir repartir le feu.

Un paysage de désolation dans les montagnes de Caramulo le 30 août 2013 après l'incendie
© Patricia de Melo Moreira/AFPUn paysage de désolation dans les montagnes de Caramulo le 30 août 2013 après l'incendie
« On se croyait dans une zone de guerre », commente à l'AFP Marta Rosa, une jeune habitante du petit village de Caramulo, encore sous le choc. « Les pompiers qui étaient venus sauver la maison de mes parents me disaient que c'était comme une tempête de feu ».

L'incendie qui a ravagé la chaîne de montagnes de Caramulo pendant trois jours, le plus important des foyers au Portugal, a été déclaré maîtrisé vendredi soir. Mais sur place, la peur persiste.

« Ce qui nous préoccupe, ce sont les risques de reprise des feux. Car même si les incendies sont déclarés comme étant sous contrôle presque partout dans la montagne, ça repart facilement », s'angoisse Marta Rosa.

Caramulo est une station thermale accrochée à 800 m d'altitude aux pentes de la serra qui porte le même nom. Connue comme le « poumon du Portugal », cette chaîne de montagnes était réputée pour ses sanatoriums prisés par les personnes atteintes de maladies respiratoires, mais aussi par des touristes en quête d'air pur.

« Caramulo était le seul endroit du pays où l'on pouvait respirer de l'air pur. A présent tout est enfumé », soupire José Castro, un habitant d'un petit village au coeur de cette région

Trois pompiers ont perdu la vie dans la montagne de Caramulo, sur les cinq morts en août en luttant contre les feux de forêt. La plupart des pompiers sont bénévoles : sur les 29.000 que compte le pays, seuls 6.000 sont des professionnels.

Et comme ailleurs dans le pays, les incendies à Caramulo étaient, selon toute vraisemblance, d'origine criminelle. Un homme de 20 ans, soupçonné d'avoir causé cet incendie, a été interpellé vendredi par la police judiciaire. Il aurait agi par vengeance après s'être vu infliger une amende par les gendarmes.

Enfer de feu

Plus de 50 incendiaires présumés ont été arrêtés dans l'ensemble du pays.

A bout de forces, les pompiers ont été épaulés par la population, qui a affronté les flammes, munie de seaux d'eaux, de simples branchages ou encore de scies électriques pour couper les arbres.

« Ici ça a été un enfer. C'est moi, ma famille et mes amis qui avons pu sauver ce qui nous appartient, nos deux maisons et l'étable », a raconté un habitant de Sao Joao do Monte, autre village à flanc de montagne.

Malgré l'accalmie, les secours restent toujours mobilisés à Caramulo pour éviter de nouveaux départs de feux.

Des pompiers et des militaires parcouraient les vastes étendues de forêts de pins calcinés, avec des masques sur le visage pour se protéger de la fumée qui s'échappe des troncs d'arbres brûlés.

Ils participent à des opérations de surveillance et de déblaiement afin d'empêcher des reprises de feu et d'étouffer des braises encore mal éteintes.

Si les habitants de Caramulo connaissent un répit, les feux ont repris ailleurs au Portugal. Les incendies, qui ont réduit en cendres des dizaines de milliers d'hectares de forêt cet été, sont repartis dimanche après-midi, mobilisant quelque 700 pompiers dans le nord et le centre du pays.

L'incendie le plus important faisait rage dimanche soir près de Gondomar, dans le district de Porto (nord) où environ 270 pompiers tentaient de venir à bout des flammes qui ont menacé une dizaine de maisons, dont les habitants ont dû être évacués.

Et les prévisions météorologiques restent défavorables pour les prochains jours, avec des températures caniculaires et des vents forts.