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© AP/Rick BowmerLe nouveau data center de la NSA, situé à Bluffdale, dans l'Utah.
Le scandale Prism sur la surveillance des réseaux téléphoniques et d'Internet a réveillé l'attention des médias américains sur des lieux aussi mystérieux que discrets qui émaillent le territoire américain : les "data centers", ou centres de traitement de données. La National Security Agency (NSA), l'agence de sécurité nationale américaine, est accusée d'avoir eu accès à des millions de communications. "Mais où l'agence conserve-t-elle toutes ces données ?", se demande le site Quartz.com, qui a dressé la carte des "data centers" connus à ce jour.

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La carte des data centers de la NSA, par Quartz.com.
San Antonio (Texas), Atlanta (Géorgie), Honolulu (Hawaï), Aurora (Colorado) ou Fort Meade (Maryland) sont autant de lieux où ont pu transiter ces données personnelles. Mais c'est un "data center" en construction qui concentre l'attention des médias américains.

Le méga-complexe de Bluffdale, dans l'Utah, est décrit par le Daily Beast comme "la machine ultime de ce qu'est devenu notre Etat paranoïaque". Surnommé "le centre d'espionnage" par ses détracteurs, ce complexe de 100 000 mètres carrés (dont 10 000 de serveurs) doit ouvrir ses portes en septembre prochain. Il est officiellement censé supporter l'effort américain de cybersécurité, mais sa mission précise reste classée secret-défense.

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En avril, après la diffusion par la télévision Fox News de témoignages inquiets d'anciens employés, la NSA avait promis que le data center de l'Utah ne servirait pas espionner les courriels des citoyens américains. Insuffisant pour dissiper les craintes de ses détracteurs.

UN SIÈCLE DE COMMUNICATIONS MONDIALES

"Il est évident que le centre a été construit afin d'accroître les capacités de la NSA d'avaler, digérer, analyser et stocker n'importe quelle information que les services de renseignement décident de collecter, assure le Daily Beast. Depuis [les révélations de] cette semaine, nous en savons un peu plus sur le genre d'informations dont il s'agira." James Bamford, un universitaire spécialiste de la NSA, a ainsi confié au Wall Street Journal sa certitude que le nouveau data center servira à surveiller de façon optimale le réseau téléphonique de l'opérateur téléphonique Verizon.

"Ils ont certainement été incapables de mener certaines surveillances à défaut de capacités de stockage ou de ressources de calcul", explique le militant des libertés civiles Chris Soghoian sur la radio NPR. Selon William Binney, un ancien employé de la NSA, le nouveau centre de Bluffdale disposera d'une capacité de stockage inégalée de 5 zettaoctets, soit 5 000 000 000 000 000 000 000 octets, ou 250 milliards de DVD. De quoi stocker un siècle de communications mondiales.

Grâce à la puissance de calcul dégagée par de telles plateformes, "les analystes pourront lancer des requêtes sur d'énormes bases de données et obtenir une réponse en quelques secondes", explique le Wall Street Journal.

La NSA ne compte pas s'arrêter là. Elle a déjà mis en chantier son prochain "data center", un nouveau complexe de 60 000 mètres carrés qui sera construit d'ici à 2016 en plein cœur de son quartier général de Fort Meade, dans le Maryland. Coût total du projet : 860 millions de dollars, à ajouter aux quelque 2 milliards de son grand frère de Bluffdale. Soit cent fois plus que les 20 millions de dollars alloués chaque année au programme Prism.