En 2013, la Chine est en passe de devenir la première économie mondiale et, ayant de vastes ressources financières, cherche à transférer rapidement la technologie militaire, afin de modifier l'équilibre des forces en Asie du Sud et de supprimer le monopole américain dans sa zone d'intérêt économique.

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Les informations fournies par l'ancien agent de la NSA, Edward Snowden, indiquaient les moyens techniques des renseignements américains et les connexions qui ont été faites pour pénétrer dans les réseaux de communication au sein de la direction militaire de la Chine. Cela a permis à la Chine de détecter la technique d'espionnage de la NSA et de déconnecter presque entièrement l'équipement d'interception américain. Pour réaliser une nouvelle pénétration, la NSA aura besoin de beaucoup de courage et ce sera très long.

Le bouclier anti-missiles balistiques de la Corée du Sud et du Japon se compose de 2 croiseurs américains de classe Ticonderoga, 6 destroyers japonais de classe Kongo, 3 destroyers Coréens de classe Sejong, marquant la première ligne de défense coréenne-japonaise située à 150-200 km des côtes. Ces navires sont armés de 500 missiles SM-3, avec une portée de 450 km, un plafond de plus de 160 km, une vitesse maximale de 9 600 m/h (2,66 km/s-Mach 9) et qui interceptent les missiles balistiques seulement dans l'espace extra-atmosphérique. La vitesse maximale des missiles balistiques, allant de 2 km/s (Mach 7) dans le cas de ceux qui sont de courte portée à 7 km/s (Mach 21) dans le cas des intercontinentaux.

Le 2e Corps d'artillerie chinoise est équipé de 20 lanceurs de missiles DF-3 (rayon d'action 3000 km), 20 DF-4 (12.000 km de portée), 20 DF-5 (7000 km de portée), 80 DF -21 (2500 km de portée) et 500 missiles DF-15 à courte portée (600-800 km).

La deuxième ligne de défense commune du Japon et de la Corée du Sud est située à 75-150 km des côtes, avec l'Armée de l'Air et l'aéronavale d'interception. La Chine dispose de 600 appareils de chasse et de bombardiers (290 J-8 et 310 J-7/MIG-21 chinois), des avions de chasse de 3e génération qui sont obsolètes. Il faut y rajouter des avions de 4ème génération, en nombre insuffisant pour gagner la supériorité aérienne : en tout 580 (200 J-10/similaires aux F-16, 280 J-11, dont 100 de licence Sukhoi Su-27SK, le reste étant des copies chinoises et 100 Su-30). La Corée du Sud et le Japon ont ensemble 591 avions supérieurs à ceux des chinois de la 4e génération, en termes d'avionique et d'armement: 213 F-15, 230 F-16 (F-2) et 148 F-4. Ajoutez à cela le contingent américain déployé dans les deux états, composé de 268 avions (42 F-15, 122 F-16, 32 F-22 et 72 F-18 à bord du porte-avions George Washington et la base japonaise Atsugi qui abrite les Marines américains).

Pour changer l'équilibre des forces en sa faveur, la société chinoise Shenyang Aircraft Corp a offert depuis 2012 d'acheter un nombre limité d'appareils ou la licence pour produire de nouveaux avions Su-35 russe. Avec l'expérience dans la construction de Sukhoi, la Chine espère que dans 2-3 ans, ses forces aériennes auront au moins 400 Su-35. Les Russes ont donné leur accord de principe pour la vente de seulement 36 Su-35 à la Chine pour ne pas mettre de tension dans leurs relations avec les Etats-Unis. Bien que l'armée russe n'ait pas l'intention de commander dans les six prochaines années, plus de 60-100 appareils de ce type, il devra acquérir des avions Su-T-50 furtifs.


Compte tenu de la déclaration du président Barack Obama autorisant des frappes aériennes en Syrie, il est probable que la Russie va réévaluer l'option de la Chine pour la production sous licence des avions Su-35.

Pour les missions d'interdiction aérienne, il faut des avions avec un rayon d'action de 2 000 km, capable de transporter 10 tonnes de bombes ou de missiles. La Chine dispose de 114 appareils JH-7, de performances limitées, tout comme les bombardiers 50 H-6 (construits par la Chine d'après l'ancien Tupolev Tu-16 qui équipait l'Armée Rouge dans la période 1954-1993). Le bombardier russe Tupolev Tu-22M3 serait en mesure d'équilibrer les rapports de force dans l'ouest du Pacifique, étant donné que les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud n'ont pas un appareil approprié dont la performance dans le théâtre des opérations et le rayon d'action couvre toute la zone d'intérêt économique de la Chine.

Le Tupolev Tu-22M 3 (Tupolev Tu-26) est un bombardier supersonique (Mach 2.3) avec un rayon d'action de 4000 km, des ailes à géométrie variable, propulsé par deux turboréacteurs double flux et postcombustion Kuznetsov NK-25 avec 25 000 kgf de poussée chacun. Comme armes, le Tu-22M3 a, à bord, un canon GSH-23 cal. 23mm et peut transporter 24 tonnes de bombes (69 Fab-250) ou de missiles, dont 10 missiles de croisière: 6 Kh-15 (vitesse Mach 5, portée 500 km) dans un lanceur rotatif à l'intérieur du fuselage, et quatre Kh-22/27 (vitesse Mach 4.6, portée 600 km) ou Kh-55 (portée 2500 km) sous le fuselage ou les ailes. Une formation de deux Tu-22M 3 peut neutraliser dans une seule mission, les éléments de l'infrastructure de trois bases aériennes, détruisant 72-100 avions ennemis au sol abrités dans des bunkers en béton.

Entrés en service en 1983, avec l'éclatement de l'ex-URSS, seulement 172 des 211 Tu-22M3 construits ont été intégrés dans l'armée russe. Aujourd'hui, il y en a 93 qui sont opérationnels dans les forces aériennes et 58 dans la marine. Aussi en 2012 la Chine a proposé à la Russie d'acheter 36 appareils Tu-22 et la Russie a refusé la demande. Les Chinois ont offert de 4 à 6 milliards pour acquérir toute la ligne de production des Tu-22 fabriqués à l'usine de Kazan qui a cessé son activité en 1997 ; pour réparer et moderniser des Tu-22. Et cette proposition a été rejetée par la Russie. Comme dans le cas de l'avion Su-35, en raison de la décision du président des États-Unis, la Russie s'est décidée à satisfaire les demandes chinoises pour les bombardiers Tu-22 M3. Cet avion construit en Chine comme le H-10 intégrerait la technologie la plus moderne. C'est à dire des matériaux composites, des capacités de furtivité et de l'avionique de nouvelle génération. En raison du rayon d'action, environ 150 avions H-10 pourraient fournir la percée de la deuxième ligne de défense et acquérir la suprématie aérienne par la Chine dans le Pacifique occidental.

En plus des missiles balistiques dans le 2e Corps d'artillerie, la Chine a également 250 DH-10 (CJ-10), une version améliorée du missile de croisière russe Kh-55 à rayon d'action de 2500 km et 300 C-602 (portée 400-500 km) qui peuvent être lancés à partir de la terre, de destroyers Aegis de type 052D, de sous-marins d'attaque de type 095, et d'avions de bombardement H-6 et JH-7. La probabilité de frapper les missiles chinois par une troisième ligne de défense coréenne-japonaise, composée de 170 installations de missile AA de gamme MIM-104 Patriot, est faible à l'état actuel.

Contrairement au DH-10, les missiles de croisière américains BGM-109C Tomahawk ont un matériau de revêtement radioabsorbant, ce qui fait que les radars de défense de lutte AA ne peuvent pas les détecter à plus de 40 km. Le Kh-101 est le furtif de nouvelle génération, similaire à la version moderne de la BGM-109C Tomahawk qui a récemment rejoint l'armée russe. Il remplace le missile de croisière Kh-555 et a une portée de 3500-5000 km. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a déclaré que l'armée a investi massivement dans la fabrication de missiles AA de longue portée et de croisière afin d'augmenter le nombre de missiles de croisière jusqu'à 30 fois au cours des 6 prochaines années. C'est pourquoi il a initialement rejeté la demande chinoise d'acheter des missiles Kh-101.

Énorme investissement de la russie dans la capacité de production de missiles AA de longue portée - Partie 1
Énorme investissement de la russie dans la capacité de production de missiles AA de longue portée - Partie 2

Attaquer la Syrie par des missiles de croisière américains, va changer à 180 degrés la décision de la Russie sur la vente de nouveaux missiles de croisière et de nouveaux missiles AA S-400 russes à la Chine. Des milliers de lance-missile de deux types équiperaient les destroyers, frégates et sous-marins et l'Armée populaire chinoise située sur la côte.

Les Etats-Unis sont actuellement confrontés à des coupes budgétaires importantes dans la défense et les mesures mentionnées ci-dessus prises par la Russie pour augmenter la puissance militaire de la Chine, exigeraient un déplacement rapide et permanent de la majorité des forces américaines en Europe et au Moyen-Orient. La Russie le sait bien et sait aussi que c'est dans son intérêt. De ce fait, les Etats-Unis peuvent être placés par la Russie dans une situation sans précédent dans la 2ème guerre mondiale, être «aveugle» et incapable de découvrir en temps opportun les manœuvres précédant une éventuelle attaque de la Chine. Plus d'informations sur le déploiement de l'armée américaine dans le Pacifique occidental :

La Chine se prépare à une invasion de grande envergure - partie 1
La Chine se prépare à une invasion de grande envergure - partie 2

Traduit de l'anglais par Avic

A propos de l'auteur

Valentin Vasilescu, pilote d'aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l'Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l'Académie des études militaires à Bucarest 1992.