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L'île surgie des eaux au large de la côte de Makran à la suite du séisme de magnitude 7.7 qui a frappé le Pakistan le 24 septembre dernier, serait en réalité un volcan de boue. Crédits : Sana Baloch / Twitter
L'île qui a surgi des flots au large des côtes du Pakistan à la suite d'un séisme serait en réalité un volcan de boue. Soit une montagne de sédiments marins, formée sous l'effet des gaz libérés par le séisme.

L'île qui est apparue au large du port pakistanais de Gwadar après le séisme ayant touché le Pakistan le 24 septembre 2013 est très probablement un volcan de boue. Soit un monticule sous-marin principalement constitué de gaz et d'argiles, formé à la suite du tremblement de terre.

Cette hypothèse est avancée par Rashid Tabrez, directeur de l'Institut National d'Océanographie de Karachi (Pakistan). Pour ce dernier, la chaleur causée par le déplacement des plaques tectoniques aurait engendré l'explosion des gaz enfermés sous les couches de sédiments marins, ce qui aurait alors propulsé ces derniers vers la surface.

Une hypothèse crédible, puisqu'on sait que les volcans de boue se forment précisément lorsque la cohésion de certaines couches sous-marines est brisée, donc notamment à l'occasion de tremblements de terre. Cette rupture de cohésion permet aux gaz qui sont situés sous ces couches fragilisées de se frayer un chemin à l'intérieur de ces dernières. Résultat : ces gaz (principalement du méthane) remontent vers la surface, en entraînant sur leur passage d'énormes quantités de roches et de sédiments marins.

De fait, les observateurs qui ont eu l'occasion de s'approcher de cette île qui est apparue au large du port pakistanais de Gwadar ont effectivement constaté la présence de nombreuses bulles de gaz inflammables. Selon les scientifiques de l'institut Pakistanais d'océanographie, ce gaz serait un mélange qui contiendrait bel et bien du méthane, ainsi que du propane et du butane (lire l'article du Indian Express « Pakistan's 'quake island' spewing methane gas»).

Selon Rashid Tabrez, la présence de ces gaz n'a rien d'étonnant. En effet, les fonds marins situés au large du port de Gwadar contiennent de grandes quantités d'hydrates de gaz (ressemblant à de la glace, les hydrates de gaz sont des composés organiques contenant des molécules de gaz). Or, ces hydrates de gaz, enfermés sous une couche sédimentaire d'une épaisseur de 300 à 800m, sont à haute teneur en méthane.

En 1999 puis en 2010, deux autres îles sont apparues de cette manière au large du Pakistan. Toutes deux ont émergé à quelques kilomètres de la côte de Ormara (Pakistan).

Il est à noter que c'est précisément parce que cette île est en réalité très probablement un volcan de boue que sa durée de vie devrait être brève. En effet, les sédiments argileux devraient progressivement s'affaisser au cours des semaines et des mois à venir.