Le régime alimentaire cétogène peut faire peur à n'importe quel nutritionniste. Imaginez ! Vous mangez plein de graisses - dont saturées - et de protéines. Par contre, il n'y a quasiment aucun glucide. La diète cétogène est pourtant efficace d'après certains. On peut l'utiliser pour perdre du poids bien entendu, mais aussi améliorer le psychisme. Cela va plus loin : on sait que c'est une méthode efficace pour lutter contre l'épilepsie, mais aussi a priori pour d'autres pathologies concernant le cerveau (dont les insomnies, voire des cancers du cerveau). Comme il ne s'agit que d'un régime, il n'y a pas beaucoup d'effets secondaires (il faut bien sûr ne pas le faire n'importe comment et sûrement pas trop brutalement).

Il s'accumule de plus en plus de preuves qui montrent que le régime cétogène est loin de l'effet placébo. Le processus imite en fait le jeûne pour l'organisme (mais il est moins difficile à supporter). On peut donner une explication rationnelle et biologique. Lorsque le corps sent que le sucre n'arrive plus, il se place dans un mode métabolique particulier.

Notre machinerie (respiration cellulaire) fonctionne au sucre (glucose). Lorsque le corps ne voit plus de sucre arriver dans l'estomac, c'est le foie qui prend le relais et il alimente en priorité les organes vitaux. Notre cerveau est si gros qu'il consomme 20 % de l'énergie de manière générale (même au repos ou en dormant). La graisse dont nous disposons ne peut pas être utilisée directement. Une fois que la petite réserve du foie est consommée, le corps se tourne vers vos réserves de graisse.

Pour faire simple, le foie va se servir des acides gras de votre alimentation et des graisses stockées, sous forme de cétones. Le cerveau prend donc son énergie de cétones et plus du glucose. On pense que ce processus changerait la donne pour les cellules du cerveau.

De nombreuses maladies neurologiques sont en réalité liées à une mauvaise production de l'énergie (par les mitochondries). Lors d'un stress métabolique (le nouveau régime alimentaire : fini les sucres), les cétones deviennent une source d'énergie alternative. Le nombre de mitochondries va s'accroître dans le cerveau. Cela permet à cet organe de disposer d'une plus grande réserve d'énergie et cela peut arriver à faire en sorte que les cellules ne meurent pas en raison de mitochondries défaillantes qui produisent des oxydants et radicaux libres qui endommagent la cellule de l'intérieur.

Les cétones semblent diminuer de la sorte la production de ces molécules violentes lors de la respiration cellulaire. Comme il n'y a plus de glucose, on n'a plus le processus classique de glycolyse. En bref, les mitochondries deviendraient plus stables et les inflammations moins nombreuses. On sait depuis longtemps que les cétones ont l'air d'améliorer la condition des épileptiques, mais on ne savait pas pourquoi. D'après une récente étude, il semble que les cétones empêchent la capacité des neurones de se charger en un neurotransmetteur et que cela diminue l'excitation.

En somme, toutes ces modifications moléculaires suggèrent que ce régime alimentaire protège un cerveau endommagé. On a vérifié cela avec des patients âgés ou atteints d'Alzheimer, en comparant avec un placébo. Les études sont encore modestes et préliminaires. Il manque une grande étude pour certifier des bienfaits.

Il n'y a pas d'effet secondaire grave, même à long terme ; au pire, des calculs rénaux et des problèmes osseux chez les enfants. Prévoyez comme possibilités plus courantes : menstruations perturbées pour les femmes, constipation, déshydratation et manques de nutriments. Il vaut largement mieux être suivi par un médecin, car on n'est pas sûr que ce régime convienne à tout le monde.