Guerre Corée
© Inconnu

Une énorme quantité de documents déclassifiés (récents ou moins récents) permet de mieux appréhender les enjeux de la guerre de Corée (1950-1953) et notamment le rôle de la CIA, ce qu'il en ressort est impressionnant : L'influence des États-Unis en Corée par le biais d'un agent sous couverture à proximité du président sud-coréen, des mensonges publics sur la guerre chimique menée. Plus de 60 ans après la fin de la guerre on commence à en apprendre de belles...


Je retiens de manière totalement subjective (oui j'ai dit subjective) ces 2 éléments portés récemment à ma connaissance qui témoignent des techniques employées (sans doute des deux côtés bien sûr, mais qui remettent comme toujours bien en cause l'histoire officielle et le traditionnel manichéisme).

1- La CIA dispose d'un agent sous couverture capable d'influencer de manière très importante la politique sud-coréenne à partir de septembre 1951. C'est ce qu'il ressort des « Director's Log » de la CIA (voir page 4 ce passage : « A covert CIA agent has been appointed to South Korean President Syngman Rhee. This agent has been instrumental in the change of attitude of the ROK government toward the US government. It is anticipated that with careful control this agent will develop into an outstanding deep cover agent in the Far East. » (via le site de Matthew Aid)

[Je regrette mais, pour le moment, je n'arrive pas à identifier précisément l'endroit où ces données ont été rendues publiques, le site Freedom of Information Act sur la CIA n'étant pas des plus ergonomique.]

2- Le gouvernement américain a menti publiquement en réclamant une enquête à l'ONU pour enquêter sur les allégations soviétiques selon lesquelles ils auraient utilisés des armes chimiques offensives (C'est ce qui ressort d'un memorandum retraçant une discussion entre le responsable du Psychological Strategy Board et le directeur de la CIA) : (Source : The Dissenter : blog de FiredoGlake)
  • Ils ont mis sur pied la propagande du « lavage de cerveau » des aviateurs américains ayant confessé pour discréditer leur témoignage et remporter la bataille psychologique.
  • Cela a été décidé suite à leur difficulté pour obtenir des témoignages universitaires crédibles pour soutenir leurs positions (aujourd'hui c'est facile suffit de demander à un journaliste). En effet le rapport soviétique ne comprenait pas de réelles preuves scientifiques réfutables comme telles. Le comité mis en place pour réfuter cela n'a pas abouti à la présentation de son rapport à l'ONU devant les faibles éléments pour contester scientifiquement le rapport (lui même non scientifique). Des télégrammes furent envoyés à tous les alliés pour mobiliser des scientifiques, mais en vain.
  • La stratégie suggérée a alors été de demander à l'ONU d'enquêter sur le terrain (alors que la Chine et la Corée du Nord étaient en guerre contre l'ONU à ce moment) mais les résultats d'une telle action (demander à l'ONU, sans réaliser effectivement l'enquête et pointer le silence de l'URSS et de la Chine comme une preuve de la supercherie) étaient, sinon incertains, peu efficaces. Et surtout, il fallait contre-attaquer et non se contenter de cette voie à l'ONU, des stratégies sont élaborées mais SURTOUT :
« Mr. Kloman observed that US policy, while favoring the proposal for an on-the-spot investigation, does not favor an actual investigation. One reason for this, he said, is the feeling of the military that an investigating commission would inevitably come across the 8th Army preparations or operations (e.g. chemical warfare) which, if revealed, could do us psychological as well as military damage. This reasoning assumes that the commission would have authority to examine anything they liked on either side of the battle line." ».
Oui, oui, il était risqué de demander une enquête à l'ONU, car si elle enquêtait elle aurait trouvé ce qu'elle été supposé démentir en mettant à jour la guerre chimique menée par les forces spéciales américaines.

De très nombreux documents sont disponibles ici