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Le pape a tenu ce matin au Vatican dans la salle Royale, le discours annuel à la Curie romaine sur l'état de l'Eglise pendant l'année écoulée, à l'occasion de l'échange traditionnel des vœux.
Le pape a fait le parallèle entre l'atmosphère de désagrégation morale et le sentiment d'insécurité de la fin de l'empire romain et la société actuelle : « La décomposition des systèmes porteurs du droit et des attitudes morales de fond, qui leur donnaient force, provoquaient la rupture des digues qui, jusqu'à ce moment, avaient protégé la cohabitation pacifique entre les hommes. Un monde était en train de décliner. De fréquents cataclysmes naturels augmentaient encore cette expérience d'insécurité. On ne voyait aucune force qui aurait pu mettre un frein à ce déclin. L'invocation de la puissance propre de Dieu était d'autant plus insistante : qu'il vienne et protège les hommes de toutes ces menaces ! »

[...] Il ajoute aussi ce diagnostic sur le contexte social, dénonçant « un marché de la pornographie concernant les enfants, qui en quelque façon, semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale ». Il dénonce « la dévastation psychologique d'enfants, dans laquelle des personnes humaines sont réduites à un article de marché » commun « épouvantable signe des temps ». Il déplore « le tourisme sexuel » qui « menace une génération entière et l'endommage dans sa liberté et dans sa dignité humaine ».

Le pape n'hésite pas à désigner la « Babylone » de l'Apocalypse, « symbole des grandes villes irréligieuses du monde » et le péché du « commerce des corps et des âmes » devenus une « marchandise ».
Pour Benoît XVI il est aussi un antre facteur : la drogue « qui, avec une force croissante, étend ses tentacules autour de tout le globe terrestre ».
Le pape dénonce la dictature de la recherche du plaisir et le mauvais usage de la liberté : « Tout plaisir devient insuffisant et l'excès dans la tromperie de l'ivresse devient une violence qui déchire des régions entières, et cela au nom d'un malentendu fatal de la liberté, où justement la liberté de l'homme est minée et à la fin complètement anéantie ».

Mais pour Benoît XVI la racine du mal est aussi à chercher dans certaines idéologies : « Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l'homme et aussi à l'enfant. Cependant, cela faisait partie d'une perversion de fond du concept d'ethos. On affirmait - jusque dans le cadre de la théologie catholique - que n'existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d'exister ».

« Les effets de ces théories sont aujourd'hui évidentes », constate le pape qui cite Jean-Paul II (Veritatis splendor, 1993) : « Il a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l'ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l'agir moral ».
Le pape en appelle à l'utilisation de ce texte pour la formation des « consciences » : « C'est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l'homme, où nous sommes plongés ».