Six personnes ont été déférées ce mardi au parquet de Lyon pour avoir participé à deux expéditions punitives contre des personnes qu'elles accusent d'avoir fait le salut dit de «la quenelle» sur internet, a annoncé une source judiciaire. Deux personnes seraient déjà mises en examen selon le quotidien lyonnais, Le Progrès.

Ces personnes se seraient improvisées justiciers de la communauté juive, menant deux expéditions punitives durant le week-end dernier à Lyon et Villeurbanne, contre des auteurs du geste popularisé par l'humoriste Dieudonné et jugé antisémite par de nombreuses associations anti-racistes.

La première expédition a eu lieu samedi soir vers 23 heures, lorsqu'un groupe a voulu attaquer un employé du restaurant branché Mama Shelter, dans le VIIe arrondissement de Lyon. Une quarantaine de personnes, selon le Progrès, ont participé à ce commando, provoquant bousculades et jets de gaz lacrymogènes. Ils ont été repoussés par des agents de sécurité et l'employé visé n'a pas été blessé.

Un homme battu et séquestré

La deuxième expédition s'est produite dimanche soir à Villeurbanne. Cette fois, un groupe de six personnes s'en est pris à un homme qui a été battu et enfermé dans le coffre d'une voiture, après avoir été traqué sur internet. Les six personnes déférées sont soupçonnées d'avoir participé aux deux actions commando. Le parquet a ouvert une information judiciaire pour «violences et infraction à la législation sur les armes», «provocation à un attroupement armé» et «violences volontaires aggravées». Il n'a pas requis de mandat de dépôt mais des contrôles judiciaires. Les six personnes n'ont pas d'antécédents judiciaires. Accusée sur les réseaux sociaux d'être à l'initiative de cette action, la Ligue de Défense Juive a nié toute participation.

Cet incident intervient alors que déjà dans l'agglomération lyonnaise, quatre serveurs d'un bar à la mode se sont vus mis à pied après avoir commis une quenelle dans leurs locaux.

Le geste de la «quenelle», qui consiste à tendre un bras vers le bas en posant son autre main sur l'épaule, est devenu un code très utilisé dans certains milieux ou par des «anti-systèmes» de tout bord. Il figurait par exemple sur les affiches de campagne de l'éphémère Parti antisioniste de Dieudonné pour les élections européennes en 2009.