Le 26 avril 1803, ce gros caillou et trois mille autres sont tombés du ciel dans l'Orne, preuve de l'origine céleste des météorites.

La météorite de L'Aigle au Muséum national d'histoire naturelle de Paris
© Anne-Sophie Jahn/Le Point.frLa météorite de L'Aigle au Muséum national d'histoire naturelle de Paris
C'est avec tendresse que Matthieu Gounelle, responsable de la collection des météorites du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, caresse ce qui ressemble à un caillou noirci, qui, nous explique-t-il, est tombé du ciel voilà 210 ans, sur la commune de L'Aigle, dans l'Orne.

Il évoque ce jour d'avril 1803 où rien ne laisse prévoir la moindre catastrophe climatique. Le ciel est bleu, les paysans vaquent tranquillement à leurs affaires, lorsque, vers 13 heures, cette quiétude est perturbée par un énorme coup de canon, puis un deuxième. Perplexes, effrayés, les habitants de L'Aigle perçoivent ensuite une sorte de roulement semblable à celui du tonnerre, sauf qu'il n'y a pas un seul nuage à l'horizon, hormis une traînée floconneuse qui traverse le ciel. Et puis voilà qu'il se met à tomber une fricassée de cailloux. Pour se protéger, certains se jettent à terre, d'autres esquissent le signe de croix. Est-ce la fin du monde ? Les plus grosses pierres pèsent jusqu'à huit kilos et se sont enfoncées de trente centimètres dans la terre molle. Elles ont un curieux aspect, sont noires à l'extérieur et composées d'un métal inconnu.

La relation de ce phénomène étrange par un témoin instruit parvient à l'Institut national des sciences, qui publie l'information. Intrigué, le ministre de l'Intérieur, Jean-Antoine Chaptal, charge un jeune astronome, Jean-Baptiste Biot, d'enquêter sur place. Après plusieurs semaines, celui-ci rédige le premier rapport scientifique consacré aux météorites, confirmant leur origine extraterrestre.